Si a large victoire du Rassemblement national aux européennes a signé la «dédiabolisation» du parti dans l’esprit d’une partie de l’électorat, cette stratégie visant à rendre le parti d’extrême droite acceptable a ses limites. D’une part, le RN a échoué à éviter la présence de candidats ouvertement racistes aux législatives, comme l’a relevé Libération à des dizaines de reprises. D’autre part, la victoire de la liste de Jordan Bardella le 9 juin a libéré un flot de comportements haineux, agressions verbales ou physiques envers les minorités, de genre ou de race.
L’interminable liste des candidats racistes, antisémites et complotistes
Comme à chaque élection, nombre de candidats soutenus par le parti d’extrême droite se distinguent par d’indéfendables propos publics. Libération a dû s’y prendre à quatre fois pour faire le tour de la question, entre le profil climatosceptique et raciste de Marie-Christine Sorin, l’antisémitisme décomplexé de la candidate parisienne Agnès Pageard mêlé aux références à Tintin au Congo de sa consoeur du Haut-Rhin Nathalie Aubert, le complotisme débridé du Réunionnais Jonathan Rivière, ou les sorties outrancières de Hervé de Lépinau sur l’IVG, le comparant aux «génocides arméniens et rwandais, à la Shoah, aux crimes de Daech».
N’en jetez plus ! Pour s’y retrouver plus facilement, Libération a compilé ces profils dans une carte interactive à retrouver ici.
Les groupuscules radicaux débridés, la parole raciste libérée
Gérald Darmanin a beau avoir prononcé pour l’énième fois la dissolution du GUD ou d’autres groupuscules telles que la Traboule, ces derniers n’en sont pas moins particulièrement actifs dans les rues. Ici une manifestation de gauche attaquée à Nancy par un groupe cagoulé et armé, là les journalistes Karim Rissouli ou Mohamed Bouhafsi recevant des lettres où ils se font traiter de «bougnoules». Tandis que le Canard enchaîné révèle les contenus tous plus haineux les uns que les autres dans un groupe WhatsApp de CRS, Envoyé spécial suit une fonctionnaire du tribunal de Montargis qui invective sans gêne d’être filmée une aide-soignante noire, lui intimant d’aller «à la niche». A Nice, dans les quartiers populaires, ce sont les populations d’origine nord-africaine qui subissent un racisme ordinaire débridé. Un lâcher-prise généralisé sur lequel Libération a enquêté, à travers l’action violente de plusieurs groupuscules radicaux.