Le Front populaire uni pour décrire des mots qui ne résonnent plus ou plutôt qui résonnent de manière «lugubre», comme dit la députée LFI Clémentine Autain. Le Président de la République a bonimenté durant une heure et demie à l’heure du déjeuner ce mercredi 12 juin, pour expliquer son choix de dissoudre l’Assemblée nationale et défendre son bilan. Les cadors de la gauche ont commenté tour à tour ce discours «crépusculaire» (Boris Vallaud, ex-chef de file des députés socialistes), qui «sonne comme un disque rayé» (Clémentine Autain, encore), venu d’un président qui «n’a plus rien à dire, plus rien à proposer» (Marine Tondelier, patronne des écologistes).
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«Le chaos, c’est lui»
Face aux dénégations d’Emmanuel Macron quant à sa part dans la montée du vote d’extrême droite en France (il convient seulement d’«une responsabilité dans le fait que je n’ai pas apporté de réponse assez rapide et radicale aux inquiétudes légitimes qui existent chez nos compatriotes»), les leaders de la gauche unie ont un terme commun : le «chaos».
Pour Olivier Faure, Macron «est la cause du chaos actuel» et le boss des socialistes répond sur X ne pas vouloir «passer [son] temps à commenter les contre-vérités historiques, les fake news, les caricatures d’un président qui mobilise tous les moyens de communication tout en expliquant qu’il ne fait pas campagne.»
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Jean-Luc Mélenchon dénonce, lui, «la stratégie du chaos et de la guerre des religions pour brutaliser l’élection» menée par le chef de l’Etat, qui accuse dans son discours «l’extrême gauche», «d’antisémitisme» et de «communautarisme». Pour François Ruffin, le chef d’Etat «blesse le pays, son école, son hôpital. Il brutalise les Français, les syndicats, les institutions, l’Assemblée». Celui qui souhaite prendre «le capitanat» du Front populaire cingle : «D’après Macron, c’est «moi ou le chaos». Non : le chaos, c’est lui.»
C’est finalement l’écologiste Sandrine Rousseau, habituée des punchlines, qui cogne le plus fort, face à la proposition présidentielle d’un meilleur encadrement des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes : «De quoi tu nous parles mec ? ! Le fascisme est aux portes du pouvoir et tu nous parles d’écrans ? Cet homme est un fake permanent.» La charge, elle, est bien réelle.
Pour le reste, la plupart des macronistes font profil bas, alors que leurs rangs sont parcourus de doutes quant au bien-fondé de la dissolution décidée par le Président. Et à droite, on est bien trop occupés à déloger Eric Ciotti du siège du parti Les Républicains, où il s’est enfermé pour éviter d’être viré après avoir appelé à une alliance avec le Rassemblement national.