Curieux casting que celui qui inaugurera la session de rentrée de l’Assemblée nationale. Le 18 juillet, comme le veut la tradition, la toute première séance de la nouvelle législature sera présidée par le doyen de l’hémicycle, assisté des six plus jeunes députés, pour procéder à l’élection du président ou de la présidente du Palais-Bourbon. Et bien que le Rassemblement national n’ait fini qu’à la troisième position des élections législatives, voyant ses rêves de première force politique se briser, ce «bureau d’âge» constitué pour cette journée hautement scrutée lui fera la part belle…. Puisque, d’après un décompte de Libération, sur les sept membres de ce groupe protocolaire, cinq feront partie de leurs rangs.
«Pas là pour juger l’OAS»
En effet, malgré un hémicycle largement remanié, le doyen de l’Assemblée restera pour cette XVIIe législature José Gonzalez, 81 ans. L’homme a été réélu sous les couleurs du RN, dimanche 7 juillet, dans sa circonscription des Bouches-du-Rhône, avec 55,66 % des voix. Il est d’usage que le plus âgé des députés monte solennellement à la tribune pour prononcer un discours et se livrer à quelques réflexions tirées de ses expériences personnelles. En 2022, José Gonzalez avait profité de la session inaugurale de la XVIe législature pour faire l’apologie de l’Algérie française. Un discours teinté de nostalgie qui lui avait valu les félicitations de Jean-Marie Le Pen. Et qu’il avait totalement assumé puisqu’à peine descendu du perchoir, le député-doyen avait tout de suite réitéré la teneur de ses propos face à la presse, en déclarant dans la salle des Quatre-Colonnes : «Venez avec moi en Algérie, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous dire : “Quand est-ce que vous revenez, vous, les Français ?”» Et d’ajouter, en évoquant le groupe terroriste Organisation de l’armée secrète : «Je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas.»
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Quatre des six jeunes députés qui doivent seconder José Gonzales le 18 juillet, en remplissant des fonctions de secrétaires, sont aussi des élus du Rassemblement national. Le benjamin du «bureau d’âge», Flavien Termet, 22 ans, l’a emporté (52,99 %) dans les Ardennes face à un candidat Renaissance. Il sera entouré par ses camarades Théo Bernhardt et Auguste Evrard, âgés tous les deux de 24 ans, et respectivement vainqueurs dans leurs duels contre des candidats Horizons et PS (dissident) dans le Bas-Rhin et le Pas-de-Calais, avec 51,44 % et 52,27 %. S’ajoute Hanane Mansouri, née elle aussi en 2000, ex-présidente des Jeunes Républicains de l’Isère, fraîchement élue (54,10 %) dans ce territoire devant une écologiste, après avoir rallié le RN dans le sillage d’Eric Ciotti.
Le Nouveau Front populaire, pourtant arrivé en tête à l’issue du scrutin, n’aura que deux représentants parmi les membres de ce groupe éphémère purement symbolique. Il s’agit de Louis Boyard, réélu (46,92 %) sous l’étiquette de la France insoumise dans le Val-de-Marne (il fêtera ses 24 ans en août prochain). Et de l’étudiant Hugo Prevost, qui vient de faire tomber l’ancien ministre la Santé et député sortant, Olivier Véran, dans son fief de Grenoble (victoire avec 42,35 % des voix). Deux visages juvéniles parmi ce bureau brun pour rappeler que la vague Bardella ne l’a pas emporté. Et ne sera aux responsabilités à l’Assemblée que pour le temps d’un rituel.