Il s’était fait discret ces derniers mois, après avoir claqué la porte des instances exécutives de Renaissance en septembre dernier. Mais Pascal Canfin revient sur le devant de la scène en lançant une «plateforme progressiste», annonce-t-il ce mardi 1er juillet dans un entretien au Monde.
«Il n’y a aujourd’hui aucun espace de dialogue au sein de la galaxie progressiste, constate le député européen Renew. Il est donc essentiel, sans changer quoi que ce soit à l’organisation partisane de chacun, de créer un espace de dialogue.»
Chez Pol
Une initiative parrainée par plusieurs personnalités de «l’arc progressiste», comme l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, l’eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol et même l’ancien secrétaire général de la CFTD Laurent Berger, un temps envisagé pour Matignon après la dissolution l’été dernier.
«Il faut qu’il y ait une cohérence dans cet arc progressiste. Il ira de ceux qui disent non à un projet avec Les Républicains pour 2027, à ceux qui disent non à La France insoumise», , précise Canfin, qui imagine "une plateforme totalement gazeuse», «ne fonctionn[ant] que par projet».
«Plus personne n’arrive à chercher du consensus»
Si la position de l’ancien d’Europe Écologie les Verts sur la France insoumise, dont il dénonce «une stratégie de la conflictualité», étonne peu, celle sur Les Républicains l’oppose à son parti Renaissance, alors que LR participe au gouvernement et au «socle commun». Il précise : «LR a aujourd’hui une vision ultra-conservatrice. Je le vois au Parlement européen, où sur l’Europe, l’avortement, l’écologie, la fin de vie, l’agriculture… nous n’avons pas la même vision.»
Si le dialogue entre les formations politiques est compliqué, y compris gauche où les fractures de feu le Nouveau Front populaire sont publiques, l’ancien ministre de Jean-Marc Ayrault espère créer des points de «consensus» sur plusieurs sujets : «La vie politique française est en train de mourir de la polarisation. Et d’un côté complètement fractal, où plus personne n’arrive à chercher du consensus.»
Pêle-mêle, il souhaite ouvrir le dialogue sur les fonds de pension, la fiscalité du capital, l’impôt minimum sur le patrimoine ou encore l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. «C’est typiquement un sujet qui peut réunir l’ensemble de l’arc progressiste», estime-t-il. Une liste de dix thèmes sera soumise aux participants qui devront les hiérarchiser, avant de les traiter à partir de septembre.
Le billet de Thomas Legrand
Mais pour éviter ces confrontations partisanes entre les formations politiques, Pascal Canfin souhaite ouvrir ce cercle à la société civile, à la manière des conventions citoyennes. «S’il y a un élément du macronisme dont il faut s’inspirer, c’est bien le dépassement», reconnaît l’eurodéputé, qui a pris ses distances avec Emmanuel Macron.
Interrogé sur l’idée d’une primaire avant l’élection présidentielle, Pascal Canfin reste évasif : «Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait, ni ce que cela donnera.» Sans fermer la porte, il refuse de parler de la question de l’incarnation, préférant axer son énergie sur les convergences possibles que «les éléments qui nous séparent».
Au point de convaincre les socialistes d’Olivier Faure ? Rien n’est moins sûr, même si le Premier secrétaire du PS s’est déjà dit ouvert à la «possibilité» d’une primaire pour désigner «un candidat commun de la gauche et des écologistes». Jusqu’à une candidature avec les macronistes ? Sûrement l’une des premières limites du projet du député européen.