Dans cette campagne législative un peu morne, qui accuse le coup des longs mois d’hystérie de la campagne présidentielle entre un Zemmour exalté dans sa croisade anti-immigrés et des partis de gouvernement implosant sous nos yeux, ce sont les deux seuls à rester au taquet. Alors que Marine Le Pen a quasi disparu des écrans radars malgré son score à la présidentielle, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon occupent le terrain, conscients que la partie qui va se jouer les 12 et 19 juin aura un impact capital sur la vie politique des cinq prochaines années.
Le premier a ouvert lundi le premier Conseil des ministres du gouvernement Borne avec un discours quasi de combat ( «agir» est son nouveau mantra). Le second multiplie les déplacements et les harangues, martelant sa détermination à s’imposer comme Premier ministre. A première vue, tout sépare ces deux hommes. Et d’abord l’engagement européen : total pour Macron, très critique pour Mélenchon. Et aussi leur vision du monde et de la société, axée sur le culte des élites pour le premier, sur la prééminence du peuple pour le second. A part ça, l’un et l’autre ont une haute opinion d’eux-mêmes ; un ego en très bonne santé, merci pour eux ; une grande culture, historique et philosophique notamment, ce qui n’est pas si fréquent dans ce monde-là ; et une même envie de dynamiter les codes de la politique, voire la politique tout court.
Objectivement, un tandem Macron-Mélenchon nous promettrait des journées animées, et même des soirées et des nuits, mais pas sûr que les dossiers avancent vite tant les conflits et les blocages seraient nombreux. Ils ont un autre point commun : ils livrent là leur dernier grand combat politique. Même si sa précocité lui permet d’envisager de hautes fonctions sur la scène européenne ou internationale, Emmanuel Macron ne pourra pas aller plus haut ni plus longtemps dans l’Hexagone, c’est donc sa trace dans l’histoire qu’il joue aujourd’hui. Jean-Luc Mélenchon, lui, a dit et redit que ce serait son dernier tour de piste. Mais, avec de telles bêtes politiques, tout reste possible.