Neige rumine son foin allongée dans la paille, merveilleuse dans sa robe rouge, et lustrée, les yeux doux, les cils longs d’une nostalgie durable, dans les naseaux le souvenir du grand air, l’odeur oubliée du soleil sur les herbes. Quand soudain débarque Marine Le Pen. Elle est entourée d’un essaim de journalistes, et vas-y que je te pousse, une trentaine de membres du DPS, le service d’ordre du RN, pour l’escorte. On joue des coudes pour la photo. Une passante réussit à croquer la candidate à la présidentielle, mais le cadre est mauvais. La femme envoie quand même l’objet raté : «Je m’en fous, je vais pas l’encadrer dans ma chambre.» Le texte du SMS qui l’accompagne est à moitié méchant pour l’interlocuteur : «Tiens, regarde, c’est la copine de ton voisin.»
Ambiance cordiale
Le Pen, blazer croisé bleu à boutons dorés, s’approche de la vache mascotte du Salon de l’agriculture qui, elle, regarde ailleurs et pisse un long jet, et déblatère une phrase de campagne en souriant. Deux jeunes femmes fendent la foule et lui font goûter leur fromage : un cantal délicieux. Antoine, sept ans, «huit dans dix jours», s’approche à son tour pour un selfie. Son papa l’engueule : «Enlève ton masque !» Sa mère, fière, vraiment : «Il n’a que huit ans» (dans dix jours). Quatre copines sont là : Monique, Marie-Claude, Josiane, Michèle, toutes retraitées, chacune la mise en pli de rigueur. Elles s’amusent du cirque. En 2019, l’une d’elles lui a serré la main à Marine