Redingote grise et noire de mousquetaire, verbe haut mais clouée au pupitre et lisant trop fidèlement son texte, Marine Le Pen fait une promesse : «C’est de ce moment que datera l’irrésistible ascension de notre mouvement vers le pouvoir», annonce la nouvelle présidente du Front national. Nous sommes à Tours, le 16 janvier 2011. La férule du parti vient de passer des mains du père à celles de la fille, avec l’onction massive des militants – 67,65 % des suffrages. Un vent de nouveauté souffle sur l’extrême droite française, qui se prend à espérer.
Onze ans après, le pouvoir lui échappe une nouvelle fois et c’est l’heure du bilan. A quoi aura servi Marine Le Pen ? Qu’aura-t-elle laissé derrière elle, sinon trois présidentielles malheureuses et deux débats d’entre-deux-tours, dont un moins catastrophique que l’autre ? Quels fruits tangibles aura donnés son grand œuvre – ce qu’on appelle la «dédiabolisation» de l’extrême droite ? Aussi élevée électoralement qu’isolée politiquement, la cheffe de parti n’aura offert aux siens qu’une poignée d’exécutifs locaux, quelques moments de frissons et beaucoup de désillusions.
Incapable d’accéder au pouvoir, Marine Le Pen aura pourtant