«Ce n’est pas parce qu’on est mineurs qu’on ne peut pas faire entendre notre voix. On veut montrer que la jeunesse emmerde toujours le Rassemblement national et qu’on mérite mieux pour notre avenir», annonce en ouverture de l’assemblée générale interlycées Helena, militante de 17 ans au Poing Levé Lycée. Ce mercredi 12 juin en fin d’après-midi, l’ambiance est studieuse sur un carré d’herbe du parc de la Villette de Paris, où est réunie en rond une dizaine d’étudiants répondant à l’appel du collectif Poing Levé Lycée, de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et de l’Union syndicale lycéenne (USL). «Un premier test» pour donner «une réponse lycéenne» face à la «montée historique de l’extrême droite», explique la lycéenne rousse de Vitry-sur-Seine.
Tribune
Ce sont les jeunes qui se sont le moins déplacés aux urnes lors des élections européennes dimanche. Et qui ont le plus donné leur suffrage à la liste menée par le président du RN. Mais trois jours après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, ouvrant la voie au risque d’un gouvernement d’extrême droite, une autre partie de la jeunesse s’inquiète aussi. Et tient à peser dans le mouvement initié contre Jordan Bardella, arrivé largement en tête des élections européennes.
«Jusqu’ici, le militantisme lycéen est un peu éparpillé. La plupart des étudiants sont mobilisés contre l’extrême droite, mais tous ne font pas blocus», déplore Paul, du lycée Racine. Un brin d’herbe dans la bouche, le jeune de 17 ans estime qu’il faut «prendre en compte la possibilité d’un gouvernement d’extrême droite», avec ce qu’il implique d’«offensives prochaines sur notre génération». D’où l’importance pour lui de «créer un vrai mouvement lycéen de résistance, avec un vrai programme politique».
Blocus, actions, collages, tractages, ateliers banderole et pancarte… Les idées fusent, dans une écoute attentive. L’idée d’un cortège lycéen pour la manifestation du samedi 15 juin revient à plusieurs reprises sur la table. «Un cortège c’est bien, mais si on se retrouve à 12 dedans, ça n’a pas trop de sens», admet Helena, une cigarette à la main.
«Un cycle de répression normalisé à l’encontre des mineurs»
«Comment ça se passe dans vos lycées ?», s’enquiert Solal, un membre de l’Union syndicale lycéenne en terminale. Au lycée Jean-de-La-Fontaine dans le XVIe, la poignée d’étudiants présents parle de la boucle Whatsapp qu’ils ont lancée pour mobiliser une cinquantaine de jeunes d’Ile-de-France. D’abord en soutien pour la Palestine, maintenant contre l’extrême droite. Ugo, un élève de première aux boucles brunes, tient à dénoncer «un cycle de répression général totalement normalisé à l’encontre des mineurs». Le traitement réservé aux 48 élèves du lycée Hélène Boucher interpellés le 6 juin est sur toutes les lèvres.
Pas de blocus donc à La-Fontaine. Aussi car le lycée est à présent fermé, avec le baccalauréat qui pointe le bout de son nez. Des conditions peu favorables aux lycéens pour se mobiliser. «C’est peut-être le début de quelque chose», espère tout de même Solal en fin d’assemblée.