On a trop souvent déploré les victoires idéologiques de l’extrême droite pour ne pas, cette fois, se réjouir de sa défaite dans la bataille culturelle entourant l’abolition de la peine de mort. Preuve en sont les consensuelles banalités dont Marine Le Pen et Jordan Bardella ont entouré la disparition, vendredi, de Robert Badinter, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, responsable de la fin de la peine capitale. «On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais cet homme de convictions, fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique. J’adresse mes condoléances à son épouse et à sa famille», a tweeté la députée du Pas-de-Calais. Quand son poulain sortait carrément sur X (anciennement Twitter) la fiche Wikipédia : «Ancien ministre de la Justice, homme de lettres, Robert Badinter a défendu toute sa vie ses idéaux, avec constance et éloquence. Mes condoléances à sa femme Elisabeth et leurs trois enfants.»
Si pendant plusieurs décennies, l’extrême droite s’est voulue le fer de lance de la lutte contre l’abolition de la peine de mort, force est de constater, ces dernières années, que ses têtes de pont en ont bien rabattu. En 2021, Eric Zemmour se disait ainsi «philosophiquement» favorable à la peine capitale et ne pensait pas «qu’on ait bien fait d