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Analyse

Mort de Jean-Marie Le Pen : ci-gît la diabolisation

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Alors que les partisans du cofondateur du Front national redoutaient son décès, le ton des réactions politiques et médiatiques est bien plus clément que prévu. Ce qui pourrait constituer un pas de géant dans la banalisation de l’extrême droite en France.
Jean-Marie Le Pen à Rueil-Malmaison le 24 avril 2022. (Rémy Artiges/Libération)
publié le 9 janvier 2025 à 7h34

Il ne l’avait sans doute pas imaginé. Il ne se serait peut-être pas délecté, lui, le «diable» invétéré de la République, l’impénitent paria de la vie politique française, de voir la porte-parole d’un gouvernement dirigé par un héritier de Valéry Giscard d’Estaing le citer dans le texte à la sortie de son Conseil des ministres. «Même mort, l’ennemi a le droit au respect», a déclaré Sophie Primas, mercredi matin, reprenant la formule de Jean-Marie Le Pen à l’occasion de la mort de Jacques Chirac, en 2019. Peut-être, tout compte fait, le fondateur du Front national aurait-il trouvé amusant le spectacle d’une ancienne sénatrice issue du parti Les Républicains, héritier de la «bande des quatre» tant conspuée, empruntant ses mots pour éviter de trop l’égratigner devant la presse et admettant tout juste certains «propos tout à fait inacceptables», puis précisant que le défunt avait «agi de façon parfois inacceptable».

Sulfureux, l’ancien finaliste de l’élection présidentielle de 2002, avait pourtant choisi de le rester jusqu’au bout. Il y a deux ans, il partageait la table d’un négationniste multicondamné au dîner de gala d’un groupuscule pétainiste. Il n’y a pas six mois, il recevait chez lui un chanteur néonazi aviné. Jusque dans la tombe, qu’il vou