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Municipales 2026 : l’Assemblée étend la parité des listes aux petites communes

Élections municipales 2026dossier
Lundi 7 avril, les députés ont adopté une proposition de loi qui étend aux communes de moins de 1 000 habitants le scrutin de liste paritaire dès les prochaines élections municipales. Un changement bien accueilli par les maires, mais rejeté par la droite.
Aujourd’hui, les femmes représentent seulement 37,6 % des conseillers municipaux des communes de moins de 1 000 habitants. (Geoffroy van der hasselt/AFP)
par Athénaïs Cornette
publié le 8 avril 2025 à 18h39

Texte nécessaire ou «hors-sol», comme le jugent ses critiques ? Lundi 7 avril, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi qui applique aux communes de moins de 1 000 habitants le scrutin de liste paritaire. Ce mode de scrutin, déjà effectif dans le reste de la France depuis les élections municipales de 2014, devrait mettre un terme au «panachage», qui permet actuellement aux électeurs des petites communes d’effacer des listes électorales les noms de certains candidats. La parité des listes devra également être au rendez-vous, et ce, dès les prochaines élections municipales au printemps 2026.

La proposition de loi est loin d’avoir fait consensus, avec un fort rejet dans l’aile droite de l’hémicycle. Du côté du Rassemblement national, l’intégralité des députés se sont opposés à la réforme, la jugeant «déconnectée des réalités du terrain», d’après Nicolas Dragon. La raison ? Les petites communes auraient plus de mal à trouver des femmes candidates. Mais pour Frédéric Roig, président de l’association des maires de l’Hérault, l’argument ne tient pas : «Je ne vois aucune raison d’estimer qu’il est plus difficile de trouver des candidates que des candidats, estime ce dernier. Quand on cherche la parité, on la trouve.»

«Certains craignent qu’on ne trouve pas suffisamment de femmes»

Chez Les Républicains, l’opposition au texte a été quasi unanime, pour les mêmes arguments. A la grande déception de Guy Geoffroy, maire LR de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), qui défend cette réforme depuis ses premiers jours, et note que l’association des maires de France (AMF) et celle des maires ruraux de France soutiennent, elles, le projet. «Je pense que certains craignent qu’on ne trouve pas suffisamment de femmes, analyse-t-il. Mais quand on entend les discours pour la parité qui refusent ce mode de scrutin, je trouve ça paradoxal.»

Aujourd’hui, les femmes représentent seulement 37,6 % des conseillers municipaux des communes de moins de 1 000 habitants, contre 48,5 % dans les autres, selon Delphine Lingemann (Modem), rapporteure du texte. Un chiffre qui prouve qu’il reste du chemin pour atteindre la parité. Car à la question du nombre de femmes candidates, s’ajoute celle des conditions d’exercice de leurs mandats. «Il y a une réalité : c’est plus difficile pour les femmes d’exercer leurs mandats pour des raisons de machisme, de disponibilité, explique Frédéric Roig. L’AMF travaille actuellement là-dessus, mais il nous reste du travail.»

Depuis les élections municipales de 2014, la parité dans la composition des listes s’impose déjà aux communes de plus grande taille. La réforme, votée en 2013, avait déjà fait couler beaucoup d’encre. Et pourtant, à en croire Guy Geoffroy, il s’agit d’un succès : «Essayez de trouver un maire, un seul, qui regrette l’ancien scrutin. Vous n’en trouverez aucun.»