Le revenant François Hollande. Le Nouveau Front populaire avance de surprises en coups de théâtre, et c’est au moment où Clémentine Autain et François Ruffin, soutenus par la secrétaire nationale des verts Marine Tondelier, dénoncent la «purge» de députés insoumis non réinvestis par La France insoumise que la Montagne révèle ce samedi 15 juin l’information : l’ancien président de la République est candidat dans la première circonscription de Corrèze sous la bannière du Parti socialiste, soutenu par le Nouveau Front populaire. Le nuancier de la nouvelle alliance de la gauche va donc de Philippe Poutou (NPA) à François Hollande, 69 ans, détesté par une large partie de la gauche radicale.
L’ex-président a confirmé sa candidature dans l’après-midi, après qu’un flottement s’est fait sentir sur la bannière sous laquelle il allait se présenter. «Selon nos informations, le PS indique qu’il n’a pas investi François Hollande, mais Bernard Combes, déclarait ainsi BFMTV, évoquant le maire de Tulle. François Hollande a déposé de son côté sa candidature.» Contacté par Libé, un cadre socialiste explique que «ce n’était pas ce qui était fléché» : «Bernard Combes devait être investi mais la fédération locale soutient Hollande et Combes n’est pas en désaccord. Maintenant, je pense qu’il faut acter sa candidature et avancer. C’est une minuscule histoire dans la grande histoire.» Le même élu rappelle en outre que l’ancien président «est le seul à avoir pris cette circo à la droite».
Vers 16 heures, le parti socialiste a bien confirmé son investiture, dans un tweet : «François Hollande a déclaré cette semaine qu’il se reconnaissait dans la démarche et le projet du Nouveau Front Populaire écologique et social. Dans ces conditions, nous prenons acte du choix de la fédération du Parti socialiste de Corrèze de l’investir.»
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«Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave, plus qu’elle ne l’a jamais été, a ensuite déclaré à la presse, depuis Tulle, l’ancien chef de l’Etat. Grave parce que le danger représenté par l’extrême droite est aujourd’hui avéré. Jamais l’extrême droite n’a été aussi proche du pouvoir depuis la Libération. Je l’ai fait car c’est toute ma vie, c’est mon engagement.» Avant d’ajouter : «A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. [C’est] une décision assez inédite qu’un président de la République puisse briguer une circonscription et redevenir député.»
«Je ne cherche rien pour moi-même»
Il a expliqué avoir trois priorités – la France, le progrès et la Corrèze – et appelé à revoir un «certain nombre de procédures et de méthodes» pour «revivifier» la démocratie, mais aussi à rétablir l’impôt sur la fortune, à revenir sur la réforme des retraites votée l’an dernier ou encore à redonner «toute sa place» à l’école publique qui a été «maltraitée».
Interrogé sur l’éventualité qu’il brigue Matignon en cas de victoire de la gauche, François Hollande a répondu qu’il ne se plaçait «pas du tout dans toute perspective personnelle». «J’ai été président de la République, je ne cherche rien pour moi-même», a-t-il ajouté. «Le rassemblement de la gauche était nécessaire, mais le rassemblement des Français est indispensable, a-t-il encore plaidé. Au premier tour, il y a cette union de la gauche. Au second tour, le désistement républicain doit s’appliquer dans toute sa rigueur pour tout candidat qui s’est mis hors de toutes discussions et rapports avec l’extrême droite.»
Voilà deux jours, sur le plateau de TF1, François Hollande affirmait : «Ce qui est essentiel, c’est que l’union ait pu se faire.» Face à la droite qui implose et la macronie qui «s’était présentée comme un rempart et a été un tremplin pour l’extrême droite […] c’est à la gauche de faire son devoir. Son devoir, c’est de faire l’union», martelait-il, soulignant l’importance de «rassembler toutes les familles politiques de la gauche qui ont des divergences mais qui font preuve de responsabilité […] pour que l’extrême droite ne puisse pas venir au pouvoir». Questionné au sujet de l’accord annoncé quelques instants auparavant par les formations du Nouveau Front populaire, l’ex-président répondait que «ce qui est essentiel, c’est que l’union ait pu se faire. J’ai des divergences qu’on connaît, mais il y a un moment où on va au-delà des divergences».
«Je suis effondrée»
La majorité, qui y voit sûrement là un coup dur, a réagi samedi matin par la voix du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti : «C’est pathétique. Je suggère à Monsieur Hollande de prendre Philippe Poutou comme suppléant, ça fera un très bel attelage.»
«On a dit qu’on voulait la gauche de rassemblement la plus large possible», rapporte une responsable PS à l’AFP. L’ancien chef de l’Etat «va être élu, il prend une circonscription facile. Il nous reste plus que Ségolène Royal, et on fait carton plein. Je suis effondrée».
Mis à jour à 14 h 46 avec les informations de BFMTV, puis à 16 heures avec le tweet du parti socialiste et à 18 h 06 avec les déclarations de François Hollande