Vendredi 31 mai, sur le marché d’Aire-sur-la-Lys, commune de 9 600 habitants dans le Pas-de-Calais, 46,5 % d’abstention aux dernières européennes. On se protège de la pluie insistante comme on peut, sous les auvents des étals et sous les parapluies. Voter le 9 juin ? Il y a les convaincus, surtout âgés, parce que c’est un devoir civique. Et les autres. Les hésitants comme Rudy, 44 ans, métallurgiste : il ne connaît pas les listes en présence, et se perd dans le maquis de cette élection des eurodéputés. «Déjà à la présidentielle, c’est compliqué, mais alors là… On écoute beaucoup BFM, mais on ne sait pas vraiment de quoi il en retourne», explique-t-il. Il aimerait entendre parler du pouvoir d’achat : «Mon travail, on nous a donné une prime de 90 euros brut. Qu’est-ce que vous voulez faire avec ça face au prix du gasoil ? Moi, maintenant, je prends ma trottinette électrique pour aller au boulot.» Une vingtaine de kilomètres aller et retour compris, sur des routes de campagne. Alors, il va sans doute faire comme son beau-frère, ne pas aller voter, puisque ça ne change rien. Ou voter pour une femme, mais laquelle ?
Au PMU, il y a du monde au comptoir, à se réchauffer en espérant la fin du mauvais temps. La patronne n’aura pas le temps de voter : «Je m’en fiche !» décrète-t-elle. Les clients sont au diapason : «Je vais voter pour quelqu’un et ce ne sera pas lui qui gagnera : ça ne sert à rien», remarque l’un d’eux. L’argument revient souvent, une