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Pays-de-Loire : amis d’un jour, ennemis toujours

La présidente LR, Christelle Morançais, est donnée en tête au premier tour. Mais elle est menacée au second par la gauche, représentée par Matthieu Orphelin (EE-LV-LFI), transfuge de la République en marche. Lui-même menacé par François de Rugy (LREM), transfuge de... EE-LV.
La présidente LR, Christelle Morançais, Matthieu Orphelin (EE-LV-LFI) qui représentera la gauche, transfuge de la République en marche, et François de Rugy (LREM), transfuge de EE-LV. (AFP / REUTERS)
publié le 12 juin 2021 à 4h02

Des transfuges de partis, des anciens ministres et plusieurs nuances d’«écologie» désormais revendiquée par chaque camp. L’élection régionale en Pays-de-la-Loire présente un casting inédit, dont le scénario n’est pas écrit d’avance. C’est la seule région que la gauche pourrait reprendre après avoir été battue par la droite en 2015 en cas de quadrangulaire, voire de pentagulaire. Selon un récent sondage Ipsos pour France 3, le mieux placé pour y arriver serait le député Matthieu Orphelin : élu en 2017 sous les couleurs de La République en Marche (LREM), ayant rompu avec le parti majoritaire depuis, ce proche de Nicolas Hulot a réussi à réunir, malgré cet encombrant pedigree, plusieurs mouvements sur son nom. Il est notamment soutenu par sa formation d’origine, Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), dont il était un élu régional entre 2010 et 2015, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, Génération·s de Benoît Hamon et Génération Ecologie de l’ex-ministre PS de l’Ecologie, Delphine Batho. Le Parti socialiste manque à l’appel, ayant décidé de soutenir l’ancien ministre de l’Agroalimentaire de François Hollande, Guillaume Garot.

Concept fourre-tout

De son côté, LREM a envoyé le Nantais François de Rugy au charbon. L’ex-ministre de la Transition écologique et ancien président de l’Assemblée nationale, qui a démarré sa carrière politique chez les Verts, compte sur cette élection locale pour faire oublier sa démission du gouvernement, en 2019, pour cause d’«affaire des homards». Il défend une vision «pragmatique» de l’écologie face à la «radicalité» de Matthieu Orphelin. Un autre candidat a une conception bien à lui du sujet : l’essayiste Hervé Juvin, tête de liste du Rassemblement national, est le promoteur du «localisme» auprès de Marine Le Pen, concept fourre-tout qui permet à la présidente du RN de repeindre en vert sa «préférence nationale».

Tout ce petit monde espère déloger l’actuelle présidente de la région, Christelle Morançais. Membre du parti Les Républicains (LR), elle a décidé de faire campagne sur la sécurité plutôt que l’environnement. C’est sa première campagne régionale en haut de l’affiche : en 2015, la tête de liste élue était le sénateur de Vendée Bruno Retailleau, qui avait dû laisser sa place – non-cumul des mandats oblige – deux ans plus tard, préférant rester à la tête du groupe LR au Palais du Luxembourg. Malgré sa faible notoriété nationale, Morançais fait la course en tête pour le premier tour, avec 25 % d’intentions de vote selon un récent sondage Ipsos Sopra Steria pour France 3, devant Orphelin et Rugy (19 % chacun) et Juvin (17 %). Mais au second tour, la présidente LR serait largement battue par une éventuelle liste d’union entre Orphelin et Garot. De quoi la pousser à s’allier avec le représentant de la majorité, pourtant ex-camarade chez les Verts d’Orphelin ? Pour l’instant, Rugy et Morançais ont toujours écarté cette option.

(1) Sondage réalisé via internet selon la méthode des quotas du 3 au 7 juin, auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes inscrites sur les listes électorales.