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Libération
Reportage

Place de la République à Paris, après le premier tour des législatives : «On le voit ce soir, la France est un pays raciste»

Elections législatives 2024dossier
Plusieurs centaines de personnes ont convergé vers la place parisienne ce dimanche 30 juin au soir, sous le choc des résultats plaçant l’extrême droite en tête au premier tour des élections législatives.
Place de la République, à Paris, le 30 juin 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 30 juin 2024 à 21h42

Place de la République, l’Unef met déjà l’ambiance. «Et la jeunesse emmerde le Rassemblement national», reprend la foule au pied de la statue. Plusieurs centaines de personnes sont déjà rassemblées en ce début de soirée dimanche sur la place parisienne, alors que les résultats du premier tour des législatives anticipées placent le RN en tête. Une manifestation est prévue à partir de 22 heures, celle du peuple de gauche contre l’extrême droite.

Intermittente du spectacle, Maud brandit sa pancarte. «Ére Haine», y lit-on. «Je trouvais que ça marchait bien. Oui, c’est vrai, on le voit ce soir, la France est un pays raciste.» Thierry s’est mis en retrait et regarde, désolé, la place. L’estrade est déjà dressée pour les prises de paroles des chefs de la gauche. Thierry, lui, contient difficilement son émotion. «Je ne croyais pas que je verrais ça, s’émeut ce professeur des écoles de 59 ans, au bord des larmes. Je comprends que des gens se sentent délaissés et votent RN. Mais qu’est qu’on n’a pas fait pour eux ?»

«Nous allons nous battre»

Lucie, aussi, est dévastée. «Dès que j’ai entendu les résultats, je suis venue ici pour ne pas être seule, confie cette avocate de 33 ans, spécialisée en droit des étrangers. Je m’engueule avec tout le monde en ce moment. Pour mobiliser ceux que je peux. C’est la justice et la presse qui vont trinquer en premier si le RN est au pouvoir.»

A vingt ans, Jules a la vie devant lui. Photographe, il expose pour la première fois à Arles. Et s’apprête à prendre son train. «Peut-être que je suis naïf. Mais si nos libertés fondamentales sont menacées, nous allons nous battre, dit-il. La France est un pays civique, un pays humaniste.» Ce soir du 30 juin, son espérance réchauffe (un peu) le cœur.