Depuis sa démission et son remplacement par Michel Barnier, Gabriel Attal n’a jamais vraiment été absent. Entre ses rendez-vous à l’Elysée, sa rencontre manquée à Matignon pour préparer le gouvernement et son voyage en Ukraine, en Pologne et en Moldavie du 12 au 15 septembre, le désormais ex-Premier ministre ne compte visiblement pas quitter le devant de la scène. Une dynamique qu’il confirme dans un entretien accordé au Point, publié ce mercredi 18 septembre, dans lequel il donne «ses vérités» sur la dissolution, sur Michel Barnier et sa relation avec Emmanuel Macron.
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Sans marquer de rupture avec le chef de l’Etat, Gabriel Attal marque ses différences et cherche à sortir de l’ombre présidentielle. Sur le choix de la dissolution, il ne nie pas son désaccord mais se réfugie derrière la stabilité politique pour éviter la critique. «Pour un Premier ministre, critiquer un président dans l’exercice de ses prérogatives constitutionnelles reviendrait à fragiliser les institutions», répond le député des Hauts-de-Seine. Celui qui a reçu «un album photos souvenirs de son passage à Matignon» du Président, «paraphé d’un message affectueux», insiste sur sa liberté. Interrogé sur sa relation dégradée avec Emmanuel Macron, le chef de file des macronistes à l’Assemblée se réfugie à nouveau, mais cette fois-ci derrière la langue de bois : «Elle est nécessairement différente maintenant que je ne suis plus Premier ministre.»
«Le Parlement décide, et le gouvernement exécute»
Désormais parlementaire comme les autres, tout de même auréolé de la fonction de président du groupe Renaissance, Gabriel Attal se pose en fer de lance de l’Assemblée nationale, alors qu’il a perdu plus de la moitié de ses députés en quelques semaines. «Rien ne pourra se faire sans nous, estime-t-il. Et si nous parvenons à des compromis, alors ce sera : «Le Parlement décide, et le gouvernement exécute».»
Alors que son camp est le miraculeux deuxième des législatives, grâce au front républicain, surtout honoré par la gauche, talonné de peu par le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, l’ancien chouchou du Président alerte le futur gouvernement : «Tout gouvernement qui aurait le RN pour béquille est condamné à chuter». Et perpétue le «en même temps», cher à Macron : «c’est moins l’identité politique du Premier ministre qui compte que le rassemblement large qui doit s’opérer autour de lui». Mais il n’hésite pas à mettre sous pression le nouveau locataire de Matignon en affirmant qu’il se «battrai [t]» «pour protéger les Français des hausses d’impôts», que Michel Barnier n’a pas exclues. Une ligne rouge qu’a aussi placée Jordan Bardella plus tôt dans la journée.
Tout en refusant de se déclarer candidat à 2027 ou à la présidence du parti présidentiel, l’ancien ministre défend son bilan à Matignon, non sans difficulté, alors qu’aucun de ses textes n’a eu le temps d’être voté en huit mois. Outre l’annonce du lancement à l’automne d’une fondation consacrée à la lutte contre le harcèlement, Gabriel Attal dévoile peu de choses sur son avenir. Mais le fond ne trompe pas. «J’ai une histoire à écrire avec les Français», conclut l’ex-Premier ministre. Rien que ça.