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Violences sexuelles

Damien Abad «est-il capable de se regarder dans la glace ?» se demande Christian Jacob

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Le président de LR a assuré sur RTL n’avoir jamais reçu de signalement de victimes au sujet de l’ex-chef de son groupe à l’Assemblée. Il s’interroge sur la capacité du ministre débauché par Macron à rester en place.
Damien Abad, alors président du groupe LR à l'Assemblée nationale (en premier plan) et Christian Jacob, président des Républicains, le 2 juin 2020 à Paris. (Albert Facelly/pour Libération)
publié le 26 mai 2022 à 12h59

Le «renégat» Damien Abad voit son ex-famille politique tenter de s’indigner… sans se retrouver en porte-à-faux. Ce jeudi matin sur RTL, le patron des Républicains (LR), Christian Jacob, a dénoncé la nomination au gouvernement de l’ex-chef de son propre groupe LR à l’Assemblée, alors que celui-ci est accusé de viols présumés par deux femmes, comme révélé par Mediapart samedi. «Est-ce qu’il est capable de se regarder dans la glace le matin en se levant ? C’est à lui de prendre cette décision et au gouvernement», a assené le président de LR.

Les responsables de son parti sont sur une ligne de crête, suivie plus ou moins adroitement par Jacob ce jeudi. Leur message : le gouvernement était au courant des accusations de viols, mais eux – curieusement – n’en avaient pas la moindre idée. «Quand j’entends le gouvernement dire qu’ils n’avaient pas d’information, on a envie de se pincer, bien évidemment qu’ils étaient informés, a insisté le chiraquien. Les journalistes avaient accès à des informations auxquelles nous n’avons pas d’accès.»

Le mail d’alerte, «pas reçu» à temps

Sans signalement des victimes, pas de raison de se saisir de l’affaire, selon le patron de la droite. L’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique a pourtant envoyé aux LR et à la majorité un mail d’alerte, avant la nomination du nouveau gouvernement. Jacob, montrant qu’il n’est pas bien au courant des dates, a fini par assurer que ce mail «n’a pas été reçu» à temps.

Le chef des LR reconnaît avoir confronté Abad en 2017, alors que les deux hommes s’affrontaient pour prendre la présidence du groupe, après que le magazine people Closer a fait fuiter la plainte de viol déposée par Margaux, l’une des deux femmes dont le témoignage a été recueilli par Mediapart visant, sans le nommer, un proche de François Fillon. Jacob assume : «Les choses en sont restées là.»

Le président ne cache pas son amertume. «C’est assez ignoble comme comportement politique», a-t-il dit au sujet du nouveau ministre des Solidarités, qui a attendu la veille de sa nomination pour lâcher, sous la pression, son statut de président de groupe. Aucune raison ne le pousse à croire, selon lui, que la fuite viendrait de sa famille politique par esprit de vengeance. L’enquête de Mediapart a débuté il y a plus d’un an.