«La première urgence, c’est d’éviter le RN», pas de savoir qui ira à Matignon : Laurent Berger, dont le nom avait été cité par Raphaël Glucksmann comme possible Premier ministre si la gauche l’emporte, est sorti du silence ce lundi 24 juin à moins d’une semaine du premier tour des législatives, écartant cette hypothèse.
Le nom de l’ancien secrétaire général de la CFDT, farouche opposant à la très contestée réforme des retraites adoptée en force en 2023, est réapparu dans le monde politique le 10 juin, au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron. L’ex-candidat du PS et de Place publique avait créé la surprise en évoquant Laurent Berger pour Matignon, le décrivant comme «une figure de la société civile qui est capable d’apaiser, qui est l’antithèse du président actuel, qui ne jouera pas avec les institutions, qui réconciliera les Français, qui portera un projet de justice sociale et d’écologie».
«Dissolution sociale»
Depuis, l’ancien dirigeant de la première confédération syndicale française, 55 ans, se taisait, lui qui avait récusé à plusieurs reprises dans le passé toute ambition politique. Ce lundi matin, il a pris doublement la parole, dans le Monde et sur France 2. Emmanuel Macron «a pris un risque ultime, celui de la dissolution de la démocratie» et «fait peser une menace sur ce qui fonde les valeurs de la République : l’égalité, la liberté, la fraternité», a-t-il déploré dans le quotidien. Il y voit «le point d’orgue» d’un long processus, avec «une forme de dissolution sociale» lors de la réforme des retraites, de «dissolution territoriale» vu «le mépris» des élus locaux et de la société civile, et «une fracture morale, qui résulte de la coupure entre le politique et les citoyens».
«Le sujet, désormais, la première urgence, c’est d’éviter le RN», qui «n’apporte aucune réponse aux enjeux économiques, sociaux, écologiques et démocratiques» et «mène vers une impasse», selon l’ancien dirigeant syndical.
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Fidèle à la ligne de la CFDT, désormais pilotée par Marylise Léon, il considère que «ce n’est pas le rôle d’une organisation syndicale de donner une consigne de vote autre que celle recommandant de voter contre l’extrême droite». Une position différente de la CGT de Sophie Binet, qui a appelé explicitement à voter pour le Nouveau Front populaire.
Pas un «signe égal entre l’extrême droite et l’extrême gauche»
Mais Laurent Berger fustige ceux qui mettent «un signe égal entre l’extrême droite et l’extrême gauche», trouvant qu’ils «se livrent à un jeu mortifère». Pour contrer le RN, il plaide pour «des réponses concrètes au ressentiment social qui s’exprime».
🔴🗣️ INFO : Laurent Berger Premier Ministre en cas de victoire de la gauche ? "Non, ce n'est pas mon envie" répond l'ancien leader de la CFDT. #Les4V #LegislativesAnticipées2024 @LaurentBerger44 pic.twitter.com/Kd1D56lmxt
— Telematin (@telematin) June 24, 2024
La tentation de Matignon ? Laurent Berger réplique au Monde : «Nous ne sommes pas dans une course de petits chevaux» et «le nom de la personnalité qui ira à Matignon est le cadet de mes soucis». «En tout cas, ce n’est pas mon envie», a-t-il renchéri sur France 2, rappelant son choix de se retirer de la vie publique après son départ en juin 2023 de la tête de la CFDT, suivi d’une entrée au Crédit mutuel dans la responsabilité climatique et environnementale.
Interrogé sur le scénario de Jean-Luc Mélenchon à Matignon, Laurent Berger a lâché : «Ça ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon. Faut arrêter ces histoires-là. Il essaie de tout dynamiter. Vous savez, il y aura des artisans du chaos partout. Ce qu’il faut, c’est de l’apaisement, de la réconciliation et la capacité à se parler et à passer des compromis.»