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Libération
Reportage

Pour les personnes handicapées mentales, «c’est fou d’avoir dû attendre aussi longtemps pour pouvoir voter»

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A Colombes, dans les Hauts-de-Seine, des séances de sensibilisation à l’élection sont organisées pour des personnes handicapées. Elles seraient plusieurs dizaines de milliers à pouvoir se rendre aux urnes pour la première fois dans le cadre d’une présidentielle.
Jusqu’en 2019, les Français placés sous tutelle devaient passer devant un juge qui pouvait leur retirer le droit de vote s’il ne les estimait pas en mesure d’exercer en toute conscience leur devoir de citoyen. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 20 mars 2022 à 7h11

Dans l’Etablissement et service d’aide par le travail (Esat) Les voies du bois à Colombes (Hauts-de-Seine), la salle de réunion est pleine à craquer. Sur la soixantaine de chaises, aucune n’est laissée vide. Droits comme des «i», les fesses vissées sur leur siège, tous les travailleurs écoutent religieusement les deux intervenantes du jour. «En avril, est-ce que vous savez pourquoi on va voter ?» demande en préambule de sa présentation Fatoumata Sow, adjointe à la mairie écolo de la ville. Silence dans l’assemblée. Certains se regardent sans avoir la réponse, quelques mains se lèvent. «Pour le futur président», lâche une femme d’une cinquantaine d’années, mettant fin au suspense.

En ce mercredi après-midi, l’établissement qui emploie 76 personnes handicapées mentales et en accueille 25 autres dans un centre d’activités de jour organise une seconde séance de sensibilisation à l’élection présidentielle. Une première avait eu lieu début mars pour expliquer à chacun ses droits et le principe du vote, mais les interrogations restent nombreuses. L’élection est encore loin d’être une évidence pour tous, en témoigne ce «c’est quoi voter ?» lancé par l’un des travailleurs de l’Esat après une quinzaine de minutes de présentation.

«L’Esat est un lieu pour travailler l’insertion professionnelle évidemment, mais aussi l’insertion sociale, explique Olivier Legay, le directeur de l’établissement, pour justifier de l’utilité de cette petite formation. Leur perme