Ségolène Royal juge que le vote utile à gauche, c’est Mélenchon. Pour cette sociale-démocrate et ancienne ministre de Mitterrand et de Hollande, le leader de La France insoumise à la radicalité revendiquée est désormais le plus «solide» dans son camp. L’un comme l’autre partagent également la conscience de l’urgence écologique et la nécessité d’une démocratie plus participative. Invitée ce mardi soir sur BFMTV, l’ancienne candidate à la présidentielle du parti socialiste, défaite au second tour par Nicolas Sarkozy en 2007, a estimé que celui qui domine les sondages à gauche avec 11 % des intentions de vote était le seul à pouvoir créer une dynamique de rassemblement propre à propulser la gauche au second tour.
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Après avoir déploré l’absence de débat entre prétendants qui aurait permis à une personnalité d’émerger, jugé que la primaire populaire, aux intentions unitaires louables est arrivée «trop tard», l’ancienne ministre de l’écologie a estimé qu’«aujourd’hui, le vote utile à gauche c’est le vote Mélenchon. C’est lui qui professionnellement fait la meilleure campagne, qui est en train d’arrondir les angles par rapport à ce qui pouvait déplaire chez lui, qui est capable de répondre à l’ensemble des questions, qui est structuré, qui est cultivé, qui a l’expérience d’une campagne présidentielle… Donc c’est lui le plus solide», a-t-elle dit. Avant d’enfoncer le clou : «Si la gauche veut être au second tour, il faut que les responsables se réunissent, en regardant ce qui nous rassemble et non ce qui nous divise, et le vote utile à gauche, c’est Jean-Luc Mélenchon.»
De son côté Jean-Luc Mélenchon, qui voue aux en général aux gémonies ses ex-camarades du PS, boit du petit-lait. «Je remercie Ségolène Royal pour les mots de rassemblement à l’égard de ma candidature. Son mérite est d’autant plus respectable car je sais que son soutien n’est pas un ralliement» a-t-il tweeté dans la soirée. Façon aussi de ne pas se sentir trop redevable du geste de Royal.
Je remercie @RoyalSegolene pour ses mots de rassemblement à l'égard de ma candidature. Son mérite est d'autant plus respectable car je sais que son soutien n'est pas un ralliement. Je lui en suis donc très reconnaissant.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 16, 2022
Ségolène Royal aime distiller ses conseils. Depuis qu’elle n’a plus les mains dans la politique au quotidien, et alors que le premier tour de l’élection présidentielle se tient dans moins de deux mois, la socialiste s’exprime à tout-va. Elle n’a jamais vraiment eu sa langue dans sa poche. Mais depuis quelques semaines, elle se pose volontiers en arbitre au-dessus du match et estime, forte de son expérience d’ancienne candidate, qu’elle a une expérience à transmettre. Son soutien à Jean-Luc Mélenchon intervient après une prise de distance avec Anne Hidalgo, la candidate du PS. En décembre, elle l’enjoignait à «se désister en faveur d’un des deux candidats devant elle». En l’occurrence, Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot. A longueur d’interviews, Ségolène Royal insiste sur l’union. La seule manière de gagner selon elle. «Si les leaders politiques ne comprennent pas qu’il y a une aspiration des électeurs de gauche à l’union, c’est qu’ils ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités», déclarait-elle sur le plateau de France 2 le 1er février.
«C’est dans l’intérêt du Parti socialiste qu’Hidalgo se retire, car son crash mettrait en péril les parlementaires. Le problème, ce n’est même plus Hidalgo, ce sont les dégâts pour la suite», aurait-elle déclaré d’après les propos rapportés la semaine dernière par le Canard enchaîné.
Mis à jour à 21h50 avec la réaction de Jean-Luc Mélenchon.