Qui a dit que les Français ne s’intéressaient pas à l’Europe ? Lors des trois précédentes campagnes présidentielles, la question s’est invitée dans les débats entre candidats. En 2007, dans le sillage du référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel, le sujet s’impose avec l’adhésion de la Turquie ou bien la future organisation de l’Union qui se concrétisera à Lisbonne, en décembre de cette année-là, avec un nouveau traité. En 2012, après la crise de 2008, un autre traité – celui sur la «stabilité, la coordination et la gouvernance» (TSCG) – signé en mars par Nicolas Sarkozy mais pas encore ratifié par le Parlement, agite la campagne. François Hollande promettant une «renégociation» avec Berlin… qui n’aura lieu qu’à la marge. En 2017, Emmanuel Macron affiche fièrement le drapeau européen dans ses meetings, Benoît Hamon enrôle l’économiste Thomas Piketty pour défendre un «traité de démocratisation de l’Europe», quand Jean-Luc Mélenchon fait campagne sur la «sortie des traités».
Pourquoi la présidentielle française, édition 2022, échapperait-elle à des débats européens ? D’autant que la campagne se déroulera en pleine présidence française de l’Union européenne, dont Emmanuel Macron annoncera les grandes lignes début décembre. Mais alors que l’UE a répondu présente dans la crise sanitaire – règles budgétaires levées, soutien massif de la BCE, plan de relance de 750 milliards d’euros… – nombreux sont les aspirants à l’Elysée a – déjà – cogner