Les baigneurs ont déserté la plage pendant quinze jours. Le vent, la houle et la grisaille du ciel niçois ont eu raison de leur détermination. Sans le savoir, les nageurs niçois se sont calés sur le calendrier politique. Leur pause correspond au ralentissement de la campagne présidentielle face à la gravité de la situation ukrainienne. Le soleil a fait revenir les irréductibles baigneurs et leurs intrépides débats. Au moment même où la campagne prend un second souffle.
«Il faudrait que les candidats se bougent. On n’a rien reçu dans les boîtes aux lettres. Avant, les militants venaient distribuer les tracts jusque sur la plage. Là, rien non plus, trépigne Thierry, 47 ans et président autoproclamé de l’Amicale des nageurs indépendants de Nice. C’est inquiétant. L’élection approche et c’est le flou total.» Le Niçois ira voter «par obligation», mais s’en «passerait bien». La première fois qu’on a rencontré Thierry, face à la mer le jour de l’an, il regrettait que des thèmes comme l’écologie ne soient pas abordés. La deuxième fois, en février, il expliquait éviter parler politique sur les galets. En trois mois, rien n’a changé.
Il est 9 heures et Thierry se protège déjà du soleil avec son bob noir. Kitty pose ses lunettes sur son nez. Elle ne se baigne pas dans sa chère Méditerranée ce mercredi matin, une séance d’aquabike en piscine l’attend. «Je vais aller voter, c’est sûr. Mais pour qui, ça c’est une autre chose. Je n’ai pas encore décidé, je fera