Elise pensait avoir seulement besoin de quelques minutes, de sa carte d’électrice et de ses papiers d’identité pour pouvoir aller voter dimanche. Il lui aura fallu plus de trois heures, un passage au tribunal et une sacrée dose de ténacité. La trentenaire, qui vit depuis cinq ans à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et vote rigoureusement à chaque élection, a eu la mauvaise surprise de découvrir le jour du scrutin qu’elle n’était plus inscrite sur les listes électorales. «Au départ, j’ai trouvé ça loufoque cette disparition. Et puis très vite, la colère m’a envahie. La perspective de ne pas pouvoir m’exprimer m’a bouleversée», bouillonne-t-elle encore deux jours plus tard.
«Cette situation n’est pas normale»
Difficile d’estimer combien d’électeurs n’ont pas réussi à voter pour cette raison dimanche. Depuis Strasbourg (Bas-Rhin), Marseille (Bouches-du-Rhône), Creil (Oise), Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), les témoignages se sont multipliés dans les médias locaux et nationaux. A Saint-Ouen, ils sont des dizaines à avoir dénoncé des radiations inopinées de listes électorales. Elise, elle, a finalement pu glisser son bulletin dans l’urne.
Après avoir constaté son absence dans le registre du bureau de vote où elle a ses habitudes, elle s’est rendue au centre administratif de sa ville, qui lui a confirmé sa «radiation» et l’a imputée à l’Insee, l’institut public chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles en France. Direction ensuite le tribunal de proximit