Se battront-ils jusqu’à la dernière miette de pain ? Anne Hidalgo, candidate socialiste à l’élection présidentielle, est créditée de 2 % d’intentions de vote, selon un sondage BVA pour RTL publié ce vendredi. Ce serait, si le premier tour avait lieu dimanche, le pire score jamais enregistré par le Parti socialiste. Sur le terrain, l’accueil n’est pas mauvais mais elle ne réunit pas de grandes salles. Tout au plus, comme à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en janvier, s’exprime-t-elle devant mille personnes.
Mercredi, Hidalgo a reçu un coup dans le dos. Ségolène Royal a estimé sur le plateau de BFMTV «qu’aujourd’hui, le vote utile à gauche c’est le vote Mélenchon». Les sorties de l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 sont reçues avec circonspection, voire agacement au sein du parti depuis plusieurs mois. Mais là, un seuil a été franchi. Royal a déclaré au sujet d’Hidalgo : «Il faut qu’elle prenne ses responsabilités. A sa place, j’arrêterais.»
Dans le camp de la candidate PS, on ne digère pas cette sortie. Anne Hidalgo a aussitôt répliqué, expliquant trouver ça «forcément choquant». «La meilleure boussole» doit être «celle de la fidélité», a-t-elle clamé sur Radio J. Y compris «quand les temps sont difficiles». Pour la maire de Paris, tant pis si Ségolène Royal regarde ailleurs, elle préfère se concentrer sur «les gens fidèles» et «les combattants» qui restent «autour» d’elle. D’autres mots durs ont été portés ce vendredi par Jean-Yves Le Drian. Moins étonnants ceux-là. Celui qui est aujourd’hui ministre de l’Europe et des Affaires étrangères – après avoir rejoint Emmanuel Macron en 2017 – a eu sa carte au Parti socialiste pendant «quarante-quatre ans». «Le PS, comme disait ma grand-mère, est plus près de l’enterrement que de la résurrection», a-t-il déclaré. Avant d’enfoncer le dernier clou du cercueil : «Malheureusement, Anne Hidalgo prend les restes d’une démarche mortifère.»
Hidalgo ne croit pas aux «sondages low-cost»
Face aux remous, Hidalgo ne baisse pas les bras. Mieux, elle en sort requinquée. Malgré un lancement à Rouen en septembre, sa campagne n’a jamais pris, au point de devoir être relancée à plusieurs reprises, et notamment le mois suivant à Lille. Aujourd’hui encore, à cinquante jours du premier tour de la présidentielle, la maire de Paris doit régulièrement répondre aux interrogations. La question «vous irez jusqu’au bout ?» revient dans toutes les bouches. Ce à quoi elle sort une réponse toute faite : «Vous en doutez ?» Dans une interview face aux lecteurs du Parisien ce vendredi, Hidalgo explique ne «pas croire aux sondages», qu’elle qualifie de «low-cost». «Plus j’avance dans cette campagne, plus j’entends “ne lâchez rien !”» raconte-t-elle.
Et pourtant. «Le mauvais spectacle» offert par la campagne est «navrant, désolant, écœurant de violences», insiste Hidalgo dans le Parisien, pour qui il n’y a que «de mauvais comédiens à tous les étages». Sur BFM, elle utilise d’autres mots. Une campagne «très moche, vulgaire et violente». Tout ça veut dire la même chose. Elle cherche à contredire ceux qui l’accusent de ne pas regarder la réalité en face. «Je ne suis pas dans le déni», assure-t-elle, mais «dans la combativité».
Curieusement, le patron des socialistes, Olivier Faure, se veut moins entêté. Plus «lucide» aussi. Il reconnaît que «pour l’instant», la campagne «n’a pas encore vraiment marqué les esprits». «Il y a parfois le souvenir de périodes antérieures qui fait douter les gens de notre capacité à changer les choses», avance-t-il comme piste d’explication à une candidate qui n’imprime pas. Au petit jeu du questionnaire de Proust, quand le Figaro lui demande son principal trait de caractère, Hidalgo répond du tac au tac : «La détermination.» Et son principal défaut ? «La détermination».