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Présidentielle 2022 : à droite, le rendez-vous des prétendants

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Réunis mardi pour débattre d’une possible primaire, cinq possibles candidats de droite veulent afficher leur attachement au «collectif». Mais Bertrand fait bande à part.
Chez «les Républicains», le mode de désignation du candidat du parti pour 2022 est au cœur de toutes les discussions. (Denis Allard/Libération)
publié le 19 juillet 2021 à 15h43

Ils sont venus, ils sont tous là… ou presque. A neuf mois de l’élection présidentielle, cinq possibles candidats de la droite doivent se rencontrer ce mardi à Paris pour évoquer le départage de leurs ambitions. Rendez-vous à 15 h 30 en terrain neutre (un hôtel du IIe arrondissement) pour la présidente d’Île-de-France, Valérie Pécresse, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, l’ex-négociateur du Brexit, Michel Barnier, le président des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau et le maire de la Garenne-Colombes, Philippe Juvin.

Ils y retrouveront le patron de LR, Christian Jacob, le président du Sénat, Gérard Larcher et le maire d’Antibes, Jean Leonetti. Ce dernier est chargé de plancher tout l’été sur le mode de désignation de leur candidat. Ne manquera – mais c’est déjà beaucoup – que le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand : candidat déjà déclaré, celui-ci fait fi des montages de son ancien parti. Tant pis pour lui, réagissaient en amont plusieurs parties prenantes, se félicitant de la belle image que doit renvoyer le rendez-vous : celle de concurrents bien élevés, soucieux de ne pas écrire une nouvelle page du grand bêtisier de la droite.

«Il y a eu un moment où l’on pensait que ça n’allait pas avoir lieu, chacun avait son petit prétexte d’agenda, rapporte-t-on auprès d’un participant. Et puis ça s’est fait». Peu de chances, prévenaient plusieurs sources, que la rencontre débouche sur une méthode clé en main, résultat plutôt attendu pour la rentrée. L’essentiel serait ailleurs : «Se voir, c’est déjà un changement de mentalité, poursuit-on. A la fin, il va falloir se rassembler, que ça plaise ou pas. La méthode doit l’emporter sur les envies de chacun».

Il n’en restera qu’un

Depuis les régionales de juin, abonde un soutien de Valérie Pécresse, les candidats potentiels «se parlent, s’appellent, se textotent. Valérie et Wauquiez la jouent assez fine dans ce registre. Il y a l’idée que tout le monde doit faire un pas vers les autres : à l’arrivée, les gens seront capables de soutenir un autre candidat que le leur, du moment que la démarche est collective». Tel était le sens d’une tribune cosignée début juillet dans le Figaro par Retailleau, Pécresse, Wauquiez et le président de Normandie, Hervé Morin, pour réclamer la tenue d’une primaire.

Et si ces belles paroles passent pour autant de tirs adressés à Bertrand… c’est que c’est sans doute le cas. Les condamnations de toute «aventure solitaire», le constat de l’absence de «candidat naturel» n’ont pas d’autre cible que le Picard, qui trace un sillon obstiné à l’écart de ses camarades. Menaçant à lui seul l’idée d’un processus ordonné de départage. Autre absent, le maire de Troyes François Baroin, qui – toujours sans le dire – semble ainsi confirmer son retrait. Du reste, parmi les présents, plusieurs n’ont pas officialisé leurs intentions et l’un d’eux au moins, Philippe Juvin, hésite : «Je n’exclus rien, mais les cartes sont un peu rebattues avec la reprise de l’épidémie», confie le médecin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris.

Derrière l’éloge du collectif, enfin, tout n’est pas soudain devenu simple à droite. Si une majorité de participants au rendez-vous est favorable à une primaire, le diable pourrait se cacher dans l’élaboration de ses règles. D’autres y restent hostiles par principe, à l’image de Barnier et Jacob. «Il y a celui qui ne joue pas le jeu [Bertrand], celui qui pense qu’il remporterait une primaire réservée aux militants, mais qui sait que ça buterait le parti [Wauquiez], celle qui croit à la primaire mais qui cherche encore ses alliés [Pécresse]…, résume un collaborateur. Ça fait beaucoup de philosophies et peu de certitudes». Et in fine, convient-on, «c’est savoir qui est le chef d’équipe qui intéresse tout le monde».

Rentrée surchargée

L’été sera d’ailleurs le temps des campagnes individuelles. A l’image de Valérie Pécresse, souvent présentée comme la plus sérieuse concurrente de Bertrand. La présidente d’Île-de-France doit faire adopter le 21 juillet un train de mesures correspondant, assure-t-elle, à 80 % de son programme régional. Elle aura alors les mains libres pour une tournée en régions censée «déparisianiser» son image. «Jusqu’aux régionales, on trouvait le temps long. Là, on sent que ça s’excite», rapporte un soutien. «Ça monte en tension, mais le mot d’ordre, c’est pas d’affolement, ni de précipitation, pour ne pas être dans la surréaction vis-à-vis de Xavier Bertrand», précise un autre.

Pour tous, la rentrée s’annonce surchargée. Le 20 août sera lancé le premier des grands sondages commandés par LR sur l’image des candidats, ce qui pourra inciter certains à officialiser leurs intentions. Les 4 et 5 septembre, peu devraient manquer la rentrée du parti, organisée au Parc floral de Paris. Trois semaines avant que les adhérents de LR ne se prononcent sur l’éventuelle tenue d’une primaire, laquelle aurait lieu en novembre. A moins, bien sûr, que la droite ait trouvé d’ici-là un autre moyen de trancher la question.