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Budget 2026 : Bayrou veut toujours sortir du «piège mortel» de la dette mais donne peu d’indices

A quelques jours d’annoncer les orientations du gouvernement pour redresser les finances publiques, le Premier ministre n’a rien dévoilé de ses propositions jeudi 10 juillet sur LCI et a surtout évoqué le scrutin proportionnel et la banque de la démocratie, ses principaux chevaux de bataille.
François Bayrou à Paris, ce jeudi 10 juillet. (Stéphane de Sakutin/AFP)
publié le 10 juillet 2025 à 22h08
(mis à jour le 11 juillet 2025 à 8h44)

François Bayrou est resté sur sa ligne jeudi 10 juillet au soir de vouloir sortir la France du «piège mortel» de la dette, sans donner beaucoup d’indices sur ce qu’il prépare comme solutions pour redresser les finances publiques à l’heure de dévoiler ses orientations le 15 juillet.

Le Premier ministre s’est surtout montré déterminé à faire aboutir ses marottes, le scrutin proportionnel et la banque de la démocratie, qu’il prône depuis des années. Interrogé pendant une heure trente sur LCI, il a assuré que le gouvernement allait tenir son objectif de faire passer le déficit de 5,8 % actuellement à 4,6 % en 2026, à quelques jours de la présentation, mardi, des grandes lignes du budget 2026.

«Le gouvernement va dire ce que sont les contraintes, les efforts nécessaires, les décisions à prendre pour qu’on se tire de ce piège mortel» du déficit et de la dette, a-t-il souligné, sans vouloir dévoiler ses pistes. Depuis que François Bayrou a fait du redressement des finances publiques sa priorité, lors de la présidentielle de 2007, la dette n’a cessé de progresser pour atteindre fin mars 3 345,8 milliards d’euros, soit 114 % du PIB, plaçant le pays parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne, alors qu’elle ne pesait qu’environ 60 % du PIB fin 1995.

Quant au déficit, le pire de la zone euro l’an dernier à 5,8 % du PIB, le gouvernement entend le ramener sous le plafond européen de 3 % à l’horizon 2029, après des objectifs de 5,4 % en 2025 et 4,6 % en 2026.

La Défense «sacrée»

Alors que certains groupes politiques suggèrent d’augmenter les impôts, le chef du gouvernement a admis qu’il «peut y avoir ici ou là des efforts particuliers». Pour autant, «je ne crois pas que ce soit par l’impôt qu’on résout des problèmes» mais par la baisse de «la dépense publique».

«Si la prospérité venait des impôts, puisque nous avons les impôts les plus importants du monde, nous serions les plus riches du monde», a-t-il justifié, en appelant au «bon sens».

François Bayrou n’a rien dévoilé du contenu de son plan sur «quatre ans», qui vise le point «où la dette n’augmente plus». Il a néanmoins jugé «possible» qu’un texte sur le travail soit évoqué mardi en même temps que les pistes budgétaires, alors qu’une conférence sociale est prévue à la rentrée.

Ses soutiens multiplient les propositions pour trouver au moins 40 milliards d’euros d’économies, parmi lesquelles une «année blanche» (gel budgétaire) qui épargnerait la Défense. Emmanuel Macron entend d’ailleurs faire dimanche, lors d’un discours aux Armées, des «annonces majeures» en matière «d’efforts de Défense» face à «l’aggravation des menaces», selon l’Elysée.

«L’état du risque en Europe et […] dans le monde est tel que nous n’avons pas le droit de baisser la garde, même pour des raisons budgétaires», a affirmé Bayrou, pour qui le budget de la Défense est «sacré».

«On n’est pas au marché aux bestiaux»

Le centriste resté chef du Modem a en revanche défendu plusieurs réformes qui lui tiennent à cœur : la proportionnelle et la banque de la démocratie, qui sont également réclamées par le Rassemblement national. Le parti d’extrême droite est redevenu l’arbitre de la censure, depuis l’échec des concertations sur les retraites qui devait permettre à François Bayrou d’obtenir la neutralité des socialistes.

Le chef du gouvernement s’est défendu de «troquer» ces mesures contre son maintien à Matignon : «On n’est pas au marché aux bestiaux.»

Mais il a proposé, en admettant que ses partenaires de gouvernement étaient divisés sur la proportionnelle, que les Français puissent «choisir» par «référendum» leur mode de scrutin pour les élections législatives. Et rappelé au passage que la responsabilité d’engager un référendum incombait au président de la République.

François Bayrou s’est également dit «déterminé à proposer la banque de la démocratie» qui doit permettre aux partis politiques de se financer, «avant l’automne», y voyant une manière d’introduire davantage de «justice» dans le système de financements des partis, alors que certaines formations, à commencer par le RN, éprouvent des difficultés à obtenir des prêts pour leurs campagnes.

Rappelé à l’ordre par Emmanuel Macron la semaine dernière après une passe d’armes entre ses ministres, il a assuré qu’il était «le garant» de «l’unité du gouvernement».