Et pourtant ils étaient prêts, assuraient-ils, fiers comme des Artaban, le doigt sur le bouton de leur fameux «plan Matignon», rodé depuis des mois en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, et brandi à intervalles réguliers sitôt qu’une rumeur ou un bon sondage pointait le bout de son nez. Des mois ? Plutôt des années, en réalité. A peine élu à la tête du Rassemblement national, le 5 novembre 2022, Jordan Bardella tenait une conférence de presse destinée à présenter son parti, «organisé et performant», comme «l’outil le plus puissant pour conquérir le pouvoir». «Un plan que nous avons baptisé “plan Matignon” est prêt à être activé en cas d’annonce d’une dissolution, annonçait-il. Il s’agit de dispositions logistiques qui doivent permettre à notre mouvement d’entrer en campagne dans les plus brefs délais pour partir à la conquête d’un maximum de sièges au Parlement.» Bref, «en cinq semaines, 577 candidats pourront être investis avec à leur disposition une campagne nationale clé en main», fanfaronnait alors le nouveau président du parti d’extrême droite.
Troupeau galeux
Depuis lors, notre Artaban en a rabattu. Voilà trois semaines que la litanie des dizaines et des dizaines de candidats RN auteurs de propos racistes, antisémites, complotistes, climatosceptiques, prorusses et, parfois, tout cela à la fois, scande et empoisonne la campagne frontiste. «La dissolution a été annoncée à 20h50. En quarante-huit heures, mon mouvement a investi