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Législatives

Raquel Garrido dépose un recours pour faire annuler l’élection du député LFI Aly Diouara

En tant que chef de service à la mairie de Drancy, le nouvel élu occupe une fonction lui interdisant de concourir à une élection. Une proche de la maire Aude Lagarde a également saisi le Conseil constitutionnel.
Aly Diouara, le 29 juin 2024 à Paris. (Idir Hakim/Sipa)
publié le 17 juillet 2024 à 20h59

Aly Diouara avait-il le droit de candidater aux législatives ? C’est la question que devra trancher le Conseil constitutionnel, saisi ce jeudi 17 juillet de deux recours électoraux, l’un par la députée sortante Raquel Garrido, battue par ce dernier, l’autre par une habitante de Drancy. En effet, le candidat du Nouveau Front populaire, que la France insoumise avait choisi d’investir à la place de Raquel Garrido – punie pour avoir dénoncé le manque de démocratie interne du mouvement – est employé par la mairie de Drancy en tant que «responsable du centre de ressources associatives», selon la fiche de poste consultée par Libération.

Or, le code électoral (article LO 132-20) précise que, parmi les fonctionnaires inéligibles s’ils exercent leurs fonctions «depuis moins d’un an à la date du scrutin», figurent les «chefs de service» des communes de plus de 20 000 habitants. Ce qui est le cas d’Aly Diouara à Drancy, commune de près de 70 000 habitants. Des restrictions qui «visent à anticiper de potentiels conflits d’intérêts», selon le site Vie publique.

Arrivée troisième à l’issue du premier tour des législatives dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis (Bobigny, Drancy, Le Bourget), Raquel Garrido pourrait-elle retourner à l’Assemblée, si l’élection était annulée ? De mauvaise grâce, celle qui a depuis lancé L’Après, avec d’autres dissidents NFP, avait décidé de se retirer au profit d’Aly Diouara, le candidat officiel du Nouveau Front populaire, qui avait finalement battu Aude Lagarde, la maire UDI de Drancy, avec plus de 60 % des voix.

«C’est pour le compte des Lagarde»

Jointe par Libération, Raquel Garrido n’a pas souhaité faire de commentaires. Interrogée pour savoir si elle comptait déposer un recours, Aude Lagarde n’a pas répondu. En revanche, Josseline Stefen, la Drancéenne qui a fait cette démarche, serait une proche de l’équipe municipale. «Donc, c’est pour le compte des Lagarde», a indiqué une source locale. La maire de Drancy est l’épouse de Jean-Christophe Lagarde, battu par Raquel Garrido en 2022 et condamné à dix mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour l’emploi fictif de sa belle-mère. Opportunément, sa peine d’inéligibilité expire en décembre.

L’annulation de l’élection pourrait donc rebattre les cartes dans cette circonscription haute en couleur. Encore faut-il que le recours soit gagnant : or, selon l’organigramme du service, Aly Diouara est sous les ordres d’une femme qui chapeaute tout le service Politique de la ville. De plus, si sa mission – «encadrer le centre de ressources associatives» et «accueillir et accompagner les associations drancéennes» – le place dans une situation de conflit d’intérêts potentiel, sur sa fiche de poste il est indiqué qu’il n’encadre qu’un seul agent. Pas certain, donc, qu’il soit considéré comme un véritable «chef de service».

Sac de nœuds

Aly Diouara, 37 ans, a été épinglé pendant la campagne pour des tweets contre la CGT, qualifiée d’«organisation syndicale la plus corrompue et la plus sectaire qu’il m’a été donné d’observer» ou contre le socialiste Raphaël Glucksmann, accusé d’être un «sioniste». Ajoutant à ce sac de nœuds, son collègue de travail à Drancy, affecté lui aussi dans le service Politique de la ville, n’est autre que Noam Anouar, mis en examen dans l’affaire des fausses allégations visant le député Alexis Corbière… et sa compagne Raquel Garrido. Sollicité par Libération, Aly Diouara n’a pas donné suite.

Mise à jour à 7h30, avec une correction concernant Josseline Stefen.