Il fallait les voir, fiers, goguenards, relâchés, poser avec cette une où s’étalaient des expressions venues du plus sombre des âges : «Parti de l’étranger», «anti-France». C’était le 9 avril, en plein cœur de l’Assemblée nationale. En soutien au magazine Frontières, dont l’un des principaux actionnaires est député ciottiste, allié de Marine Le Pen, les parlementaires du Rassemblement national (RN) se sont déversés dans le Palais-Bourbon, agitant comme un tract le dernier numéro de ce trimestriel et de son enquête, hérissée de fautes d’orthographe, sur La France insoumise. Arrivés cravatés en 2022, timides, débordants d’éléments de langage républicains et soucieux de paraître «constructifs», voilà les lepénistes assez à l’aise pour reprendre les slogans de l’Action française et de l’extrême droite la plus traditionnelle. Celle qui voyait chez les Juifs, les protestants, les francs-maçons et les «métèques» les «quatre Etats confédérés de l’anti-France», inassimilables à la nation et travaillant à sa perte.
Une telle épiphanie n’aur