Ils avaient appelé au boycott du scrutin : sans surprise, ils n’en reconnaissent pas le résultat. Au lendemain du référendum d’autodétermination remporté en Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes annoncent ce lundi qu’ils ne reconnaissaient ni la «légitimité» ni la «validité» du vote. «Ce référendum n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l’accord de Nouméa», affirment dans un communiqué les membres du Comité stratégique indépendantiste de non-participation (CSI-NP).
Remporté à 96,5 % des suffrages exprimés par les pro-maintien du rattachement à la France, le référendum a été marqué par une abstention massive : seulement 43,88 % des Néo-Calédoniens se sont déplacés aux urnes dimanche, contre 85,69 % en 2020. Les indépendantistes avaient réclamé en vain un report du scrutin, compte tenu de l’épidémie de Covid-19 qui ne leur permettait pas de «mener une campagne équitable».
«La voie du dialogue a été rompue par l’entêtement d’un gouvernement français incapable de concilier ses intérêts géostratégiques dans le Pacifique et son obligation à décoloniser notre pays», estime encore le CSI-NP. Le parti indépendantiste FLNKS et les nationalistes fustigent également un référendum qui «n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l’accord de Nouméa, processus de décolonisation, et pas conforme également aux résolutions de l’ONU qui a inscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser».
Reportage
Les indépendantistes attendent désormais la présidentielle
Dimanche déjà, l’indépendantiste Roch Wamytan, qui fut l’un des signataires de l’accord de Nouméa en 1998, dénonçait auprès d’Outre-Mer la 1ère, un scrutin «bidon», «nul et non avenu». «Nous avons lancé un appel pour dire à notre population de ne pas participer à ce vote. Ils nous ont suivis. Les autres [les loyalistes, ndlr] ont participé à ce référendum, mais ils sont à moins de 50 % au niveau de leur résultat. Donc nous sommes, nous, satisfaits, et eux, ils sont satisfaits ; les deux groupes sont renvoyés dos à dos», développe-t-il. Et d’ajouter : «Si juridiquement [le référendum] est légitime, au niveau politique il est complètement illégitime.»
Conséquence de cette remise en cause des résultats : les indépendantistes ne s’estiment plus concernés par la suite du programme. En juin, à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’Etat qu’après le 12 décembre s’ouvrirait «une période de stabilité et de convergence» pour préparer un «référendum de projet» d’ici à juin 2023 qui portera sur un nouveau statut pour le territoire au sein de la France. «Nous ne souhaitons pas nous engager dans cette combine», balaient désormais les indépendantistes dans leur communiqué.
Qui ajoutent : «Nous attendons le renouvellement du gouvernement français pour engager de véritables discussions sur l’accession du pays à sa pleine souveraineté.» Rendez-vous en mai 2022, donc. Dimanche, Emmanuel Macron, se félicitait, lui, du résultat du scrutin et estimait qu’il était temps de «bâtir une réponse aux questions constitutionnelle et juridique» qui se posent désormais.