Menu
Libération
Régionales

Régionales 2021 : Les Républicains, soulagés pour un temps

Moins touchée par l’abstention et bien placée dans plusieurs régions, la droite va préparer le second tour sur un petit nuage.
Les estimations donnaient Thierry Mariani, le candidat RN, largement en tête au second tour en région Paca. Il devance finalement de peu son rival LREM Renaud Muselier. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 20 juin 2021 à 21h10

La droite peut souffler. Semaine après semaine, le scrutin régional avait fini par prendre l’allure d’un vaste piège pour Les Républicains (LR) et leurs alliés, forcés d’envisager d’inconfortables alliance avec La République en marche (LREM). Mais la vérité des urnes, dimanche, a été plus douce à la droite, entre un peloton de cadors en route vers de tranquilles reconductions et un tableau moins dramatique que prévu sur le gros point chaud de la carte : une Provence-Alpes-Côte d’Azur menacée de basculer vers l’extrême droite.

Largement en tête au premier tour, Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes), Valérie Pécresse (Île-de-France) et Xavier Bertrand (Hauts-de-France) n’ont pas grand-chose à redouter du second tour, dimanche prochain. Ces trois figures nationales y verront un ticket pour leurs ambitions nationales. A ce jeu, Bertrand a pris dimanche un avantage symbolique sur sa concurrente francilienne, en obtenant dans sa région un score très supérieur, et l’élimination dès le premier tour du candidat macroniste Laurent Pietraszewski avec sa kyrielle de ministres-candidats. Pour le second tour, Bertrand n’aura pas besoin de lui réclamer un soutien que ce dernier lui a spontanément apporté dimanche soir.

Combat de nains

Tous les autres présidents sortants LR arrivent en tête dans leur région, à l’exception de Renaud Muselier en Paca. Mais ce dernier (33,7% des voix selon l’institut Ipsos) semblait, dimanche soir, moins distancé qu’attendu par le RN de Thierry Mariani (34,8%). Dans une autre région réputée «perdable» pour la droite (Pays-de-la-Loire), la sortante Christelle Morançais sortait elle aussi première, quoique sous la menace d’une éventuelle union de la gauche au second tour. Deux lourdes défaites, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, ternissaient un peu le tableau – sans grandes conséquences, dans ces territoires acquis à la gauche. La droite, on va beaucoup l’entendre, a aussi recueilli le plus grand nombre de voix au niveau national. Même si, de ce point de vue, l’extraordinaire niveau de l’abstention a fait du scrutin un combat de nains.

L’autre grande nouvelle de la soirée, vue de droite, aura été le très mauvais résultat de La République en Marche – comme une conjuration du défi existentiel lancé à LR par le parti présidentiel. Là où les candidats macronistes sont éliminés, c’est une considérable pression qui est enlevée des épaules de LR : celle de devoir envisager avec eux des alliances de second tour aux allures de traquenard, à un an d’une élection présidentielle qui verra les deux camps s’affronter.

Tentation de s’allier avec LREM

Une telle hypothèse subsiste pourtant dans un petit nombre de régions. Comme en Pays-de-la-Loire, pour la conserver, ou en Centre-Val-de-Loire, pour la prendre à la gauche – mais là aussi dans une configuration plus avantageuse que prévu, puisque le candidat LR Nicolas Forissier a fait mieux que le ministre Modem Marc Fesneau.

Dans ces régions, la tentation sera forte pour les candidats LR, alors que les dirigeants du parti se réuniront lundi pour discuter de la stratégie de second tour. A ces derniers se posera alors une difficile alternative : condamner ces accords, sans grande chance d’être obéis ; ou en prendre acte, dans un douloureux reniement des toutes les tirades sur l’incompatibilité des deux partis. L’hypothèse moyenne verrait LR procéder au cas par cas, mettant ici son tampon sur l’alliance, la refusant là. Pas de quoi clarifier l’identité du parti, mais un petit progrès méthodologique : on y distinguerait désormais le bon macronisme du mauvais. Toujours ça de pris.