Renaud Muselier aura au moins réussi ce tour de force : faire mentir l’avance que les nombreux sondages accordaient à Thierry Mariani. A l’heure où nous bouclons, le président sortant LR de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur était au coude-à-coude avec la tête de liste du Rassemblement national : 34,8 % pour le RN selon un sondage sortie des urnes Ipsos-Sopra Steria contre 33,7 % pour Muselier. La liste LR, qui accueillait des représentants de LREM, augmente largement son score par rapport à 2015, où Christian Estrosi avait plafonné à 26,48 % face à Marion Maréchal-Le Pen (40,55 %).
Ce n’est pas tant du côté de Muselier que la surprise est la plus grande – ce score de 34 % était annoncé par plusieurs instituts. C’est surtout Mariani qui pourrait avoir fait les frais d’une abstention record de 66,3 % (contre 48,1 % en 2015), alors même que l’électorat RN semblait, toujours selon les sondages, être le plus prompt à se mobiliser. Il l’a d’ailleurs exprimé avec véhémence, dans une intervention vers 21h45 : s’en prenant frontalement aux électeurs potentiels du FN: «Vous êtes des centaines de milliers de notre région à vouloir que ça change. C’est le candidat du pouvoir d’Emmanuel Macron qui sera élu, si à nouveau vous n’allez pas voter dimanche, rien ne changera dans vos vies, vous continuerez à avoir peur pour vos enfants […]. Dimanche prochain tout ne dépend que de vous.» Face à cette contre-performance du RN – à l’aune de ce que les sondages annonçaient –, Renaud Muselier a pu aussi bénéficier dès le premier tour d’un report de voix des électeurs de gauche, soucieux de «voter utile» d’emblée pour faire passer le message : pas question de laisser la région Paca au RN dimanche prochain, quoi qu’il en coûte.
Jean-Laurent Félizia, la tête de liste du Rassemblement écologique et social, crédité de 15,2 % des voix, soit un peu moins que les 16,59 % engrangés par Christophe Castaner en 2015 (qui avait décidé de se désister dès le dimanche soir) a annoncé vers 22 heures le maintien de sa liste : «Nous avons eu un débat collectif et nous avons décidé de maintenir les voix de la gauche et de l’écologie au second tour. Nous n’avons pas proposé aux électeurs de voter pour leurs idées, pour leur proposer ensuite de disparaître et de s’effacer pendant les six prochaines années», a déclaré Jean-Laurent Félizia. Une décision désapprouvée unanimement par les états-majors socialistes, communistes et écologistes, qui retireront leurs logos si Félizia va au bout de sa démarche.
D’ores et déjà, Renaud Muselier pourrait compter sur le report de voix de l’écologiste Jean-Marc Governatori, crédité de 5,6 % des voix selon le sondage Ipsos, qui avait annoncé avant le premier tour qu’il était prêt à passer un accord avec le candidat LR. Jusqu’à présent, les sondages ont systématiquement prévu Mariani gagnant en cas de triangulaire. En cas de duel, la droite et le RN sont donnés au coude-à-coude. Mais les sondages…