Renaud Muselier et LR peuvent, une nouvelle fois, remercier les électeurs de gauche de la région Paca : c’est à eux que le candidat LR doit sûrement une bonne partie de sa victoire dimanche au second tour des élections régionales. Selon le sondage Ipsos-Sopra Steria réalisé en sortie des urnes, le président sortant de la région remporte le scrutin avec un score avoisinant les 57,7 %, soit mieux que les 54,78 % engrangés en 2015 par Christian Estrosi dans la même configuration, en duel face au FN après le désistement en sa faveur de la liste de gauche. Avec 42,3 % pour Thierry Mariani, c’est encore raté pour la liste soutenue par le Rassemblement national qui n’aura pas réussi à décrocher le trophée tant convoité par Marine Le Pen, la région ayant été la seule chance de victoire du parti pour ce second tour.
Les chiffres de la participation en Paca ayant augmenté de 4 points par rapport au premier tour (37,8 % selon les estimations à 20 heures, contre 33,7 % dimanche dernier), il semble qu’une plus large mobilisation des électeurs et le retrait de la liste de gauche, menée par Jean-Laurent Félizia et créditée de 16,89 % au premier tour, auront permis à la droite de combler son retard. Dimanche dernier, Renaud Muselier était arrivé second avec 31,91 % des voix, à quatre points derrière le candidat RN. Dès la sortie des urnes, le président sortant de la région pouvait compter sur les voix de Jean-Marc Governatori (Cap Ecologie, 5,28 %), qui avait appelé à voter pour lui. Mais pour plier le match, il s’agissait aussi de donner des gages aux électeurs de Félizia, qui, après tergiversations, avait retiré sa liste lundi, appelant à voter Muselier pour faire barrage au RN.
A lire aussi
Mercredi, pour les convaincre, la tête de liste LR avait annoncé la mise en place, «dès le premier jour» après son élection, d’un «comité représentatif du rassemblement écologique et social». En 2015, après l’élection de Christian Estrosi, une initiative dans le même esprit n’avait tenu que trois mois. Au président réélu, désormais, de tenir concrètement ses promesses, les électeurs ayant de leur côté clairement joué le jeu… C’est d’ailleurs vers eux que sont allés les premiers mots de Renaud Muselier depuis son QG marseillais, qui a tenu à saluer «ceux qui sont allés voter au-delà de leurs appartenances idéologiques, politiques, sociales et religieuses», ainsi que les têtes de liste concurrentes du premier tour ayant appelé à le soutenir, Bernard Tapie, Nicolas Sarkozy, les députés européens, Yannick Jadot, la majorité présidentielle, sa «famille politique LR» et son président Christian Jacob, qui ne l’a «jamais lâché»… Muselier a finalement remercié tout le monde.
Pour Thierry Mariani, en revanche, c’est le temps des espoirs douchés. Le député européen n’a pas réussi à remotiver ses troupes qui avaient largement boudé les urnes lors du premier tour. Son réservoir de voix était pourtant large : au premier tour, la tête de liste RN avait convaincu 420 633 votants, là où sa prédécesseuse en 2015, Marion Maréchal-Le Pen, en avait attiré plus de 700 000. A croire que les électeurs RN, d’ordinaire zélés, n’ont pas été convaincus. Dimanche soir, au QG marseillais du RN, une militante ne cachait pas sa rancœur : «Faut croire que plus on se normalise, moins ils se mobilisent…»