Deux coups de gueule coup sur coup. Laurent Delahousse, qui présentait dimanche soir aux côtés d’Anne-Sophie Lapix la soirée électorale de France 2, a distribué les mauvais points. Tout le monde n’est pas dans le même panier. Mais en gros, le présentateur vedette des JT du week-end sur la chaîne publique plutôt habitué des interviews onctueuses s’est élevé contre le rôle des chaînes d’information en continu et a pointé la responsabilité des dirigeants politiques dans la montée de l’abstention, qui a atteint le chiffre record de 66,1 % dimanche. Du jamais vu dans l’histoire de la Ve République, hors référendum. Le scrutin a également été marqué par la contreperformance du Rassemblement national et la «prime aux sortants».
Sur les plateaux, comme si l’heure n’était pas grave, chacun tente de pousser son avantage partisan sous couvert de trouver des explications à ce boycott massif des urnes. Tellement comme chez eux que les invités posent des questions aux présentateurs. Interrogé par Rachida Dati (LR) sur le rôle des médias, Laurent Delahousse s’en prend alors aux chaînes d’information en continu qui considèrent parfois un «produit d’information» comme «un produit de consommation» qui «alimente l’audience».
Son verdict tombe, sévère : «On ne traite plus parfois les sujets qui sont essentiels pour les Français, mais ceux qui font potentiellement du public.» Un tacle non dissimulé à CNews, BFM TV ou encore LCI, spécialistes du débat en plateau, dont certains n’hésitent pas à garder à l’antenne des «éditorialistes» condamnés à plusieurs reprises pour leurs propos haineux et racistes. La sortie vise aussi plus globalement la culture de la petite phrase polémique au détriment des idées concrètes et du fond des programmes électoraux.
«On ne traite plus parfois les sujets qui sont essentiels pour les Français mais ceux qui potentiellement font du public». Cette masterclass de journalisme vous est offerte par Laurent Delahousse. #regionales2021 pic.twitter.com/gjcYRkIpcq
— Christophe Gazzano (@Chris_ga) June 20, 2021
Quelques minutes plus tôt, le présentateur historique du JT de 20 heures s’était déjà fait remarquer. Face à des invités indisciplinés, qui parlaient dans un brouhaha indescriptible, Marlène Schiappa et Olivier Faure en tête, Laurent Delahousse avait tenté à plusieurs reprises, et sans succès, de reprendre la main. Regardant droit dans les yeux la caméra, il avait alors lâché, comme dépassé par les événements : «Ça fait longtemps que je n’avais pas animé un débat politique, je commence à vraiment comprendre les Français de plus en plus.»