On ne peut pas dire qu’il a pris tout le monde de cours. Candidat d’une gauche presque réunie en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Jean-Laurent Félizia assumait bien avant le premier tour des régionales l’idée de se maintenir malgré le risque de victoire du Rassemblement national. Posture qu’il tient – ferme – depuis dimanche soir, après être arrivé troisième du premier tour, face à Thierry Mariani (RN) et Renaud Muselier (LR). «Je lui dis merci de ne pas tomber dans la tambouille politicienne», a ironisé le candidat du RN, qui pourrait offrir à la formation de Marine Le Pen son unique succès des régionales dimanche prochain.
Fin mai, le chef de file d’une liste écolo et socialiste en Paca expliquait à Libération que la tradition du front républicain pouvait être «nocive pour la démocratie». «Mon sentiment personnel, c’est que je pourrais assumer cette volonté de rester dans l’échiquier politique avec un RN majoritaire», expliquait-il. Depuis 2015, «l’absence d’élus de gauche nous a empêchés d’apporter une parole d’opposition à la politique de Renaud Muselier», argumentait celui qui est aussi conseiller municipal dans le Var.
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«Cette liste n’aura pas notre soutien»
Lundi, après une soirée de pressions et de consignes venues des dirigeants d’EE-LV et du PS, Jean-Laurent Félizia n’a pas cédé d’un pouce. «Je garde la tête froide et mes pieds droits dans les bottes, a-t-il fait valoir sur France Info. Ce n’est pas moi l’arbitre du deuxième tour, ce sont les électrices et les électeurs. La politique, ça ne peut pas être : circulez, y’a rien à voir.»
«Il faut qu’on arrête de culpabiliser les hommes et les femmes d’un pays et de mettre leurs idéaux à la poubelle […]. Je pense que le sursaut républicain vaut mieux que le front républicain qui efface les écologistes et la gauche du paysage régional : 195 000 et quelques voix ce n’est pas juste une assemblée générale de kermesse, ce sont des gens qui ont cru à notre projet et qui y croient encore», a défendu Félizia. Qui risque d’être exclu de son parti s’il persiste.
«Si cette liste venait à se maintenir, elle n’aura pas le soutien de notre parti ni celui du Parti socialiste», a prévenu Julien Bayou lundi matin sur France Info. Si Félizia se maintient : «Il sera exclu.» «Je comprends la situation, a expliqué le patron d’EE-LV. Après avoir fait une belle campagne et un beau score. Après avoir disparu de l’hémicycle régional depuis 2015, la perspective de disparaître de nouveau est dramatique. Il y a un enjeu régional mais aussi national : nous appelons à faire barrage et cette liste n’aura pas notre soutien.»
Eva Sas, porte-parole d’EE-LV a elle demandé «solennellement» à Jean-Laurent Felizia, de retirer sa liste pour faire barrage au Rassemblement national. «Nous avons toujours pris nos responsabilités face au Rassemblement national et nous les prenons encore aujourd’hui en demandant solennellement à Jean-Laurent de retirer sa liste, a déclaré Eva Sas sur LCI. Pour nous écologistes, il n’est pas question de faire de Paca, de fait, la première région qui échoirait au Rassemblement national».