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Rossée

Résultats de la présidentielle 2022: Anne Hidalgo et le PS touchent le fond avec 1,74% des voix

Election Présidentielle 2022dossier
Louée en interne pour son abnégation, la maire de Paris a fait moins du tiers du score de Benoît Hamon au premier tour en 2017, entérinant l’idée que le PS n’est plus une force centrale à gauche.
Anne Hidalgo à Paris, le 4 octobre 2021. (Denis Allard/Libération)
publié le 10 avril 2022 à 20h04

Les socialistes pensaient avoir touché le fond en 2017 avec les 6,4 % de Benoît Hamon. Cinq ans plus tard, ils doivent constater que la piscine est plus profonde qu’ils ne le pensaient. Anne Hidalgo, leur candidate, arrive en 10e position avec 1,74 % des voix, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Le pire score de leur histoire.

Les roses ont eu des mois pour se faire à l’idée de cette débâcle. Ils ont longuement observé la chute en admirant le courage d’Anne Hidalgo, qui dévalait sans jamais douter ni se plaindre. Ils attendaient simplement le 10 avril pour qu’à 20 heures, le règlement de compte commence. La faute à qui ? A cause de quoi ?

A la veille du scrutin, certains ont commencé à rappeler qu’avant l’officialisation de sa candidature, en septembre, leur candidate n’était pas si loin de la barre des 10 %. Sept mois ont passé et elle s’est effondrée, alors même qu’elle s’améliorait. Au début, elle semblait crispée, sonnait monotone. A la fin, au plus bas dans les sondages, elle était plus convaincante et combative. Sur le fond aussi, il a fallu du temps pour qu’on comprenne ce qu’elle voulait. La maire de Paris avait beau marteler les mots «promesse républicaine», «urgence écologique» et «justice sociale», elle ne parvenait pas à justifier la raison d’être de sa candidature. «Elle n’était pas prête» quand elle s’est lancée, disent aujourd’hui presque unanimement les socialistes, qui savent que les premières impressions restent. Il y a aussi eu des erreurs, comme la proposition de doubler le salaire des profs et l’appel à une primaire de la gauche au milieu de la campagne.

«On fait toujours des impairs dans une campagne, mais là, c’est plus profond», analysait un socialiste à la veille du scrutin. Pour les tenants du «dépassement», qui veulent écologiser et ouvrir le PS, cette présidentielle a démontré que les socialistes ne gagnent plus seuls.

Guerre intestine au Parti socialiste, retour difficile à Paris

Après cet apprentissage forcé de l’humilité, ils vont devoir s’interroger : sont-ils capables de sortir du fantasme de leur grandeur passée pour faire avec d’autres ? Olivier Faure, qui veut garder la main sur le parti, entend bien prouver que oui. Ces dernières semaines, il a fait le tour des fédérations pour préparer l’après. A commencer par les législatives pour lesquelles il travaille à un accord avec les communistes et les écolos. Sans cela, il le sait, l’effondrement du PS risque de continuer. Encore faut-il que ses potentiels alliés ne soient pas happés par le score de Mélenchon, que les socialistes ont attaqué tout au long de la campagne.

Mais pour ses opposants, ces 1,74 % sont surtout le résultat du manque de travail du PS pendant cinq ans et de la défaillance de son patron. Eux aussi préparent la suite. François Hollande, qui a veillé à ne pas se faire oublier tout au long de la campagne, ne cache pas qu’il veut refonder le PS. Que fera Anne Hidalgo dans tout ça ? Mercredi, elle participait à un dîner avec l’ancien président de la République pour parler du futur, sans Olivier Faure. Une guerre intestine s’annonce. Mais Anne Hidalgo devra mener un autre combat : à Paris, ses opposants attendent de pied ferme une maire affaiblie. Lors de son dernier meeting au Cirque d’hiver, elle a longuement loué sa ville et cité cette phrase de Sacha Guitry : «Etre Parisien ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître.»

Mise à jour le 11 avril 2022 à 11h15 avec les derniers résultats du ministère de l’Intérieur.