Avec Emmanuel Tjibaou, la Nouvelle-Calédonie envoie un indépendantiste à l’Assemblée, une première depuis 1986. Le fils de l’emblématique leader kanak, Jean-Marie Tjibaou, signataire des accords de Matignon et assassiné en 1989, a remporté ce dimanche 7 juillet le second tour de l’élection législative dans la deuxième circonscription de la collectivité ultramarine avec 57,44 % des voix, soit plus de 13 000 voix d’avance, sur son concurrent Alcide Ponga, un non-indépendantiste LR. Il était déjà arrivé en tête au premier tour, avec 44,06 % des voix. Au Palais-Bourbon, Tjibaou devrait siéger avec un des groupes du Nouveau Front populaire. Novice en politique, le nouvel élu de 48 ans ne l’est pas dans le domaine de la culture puisqu’il a été directeur de l’Agence de développement de la culture kanak. Il occupe depuis 2022 le poste de directeur de la culture de la province Nord.
Reportage
Emmanuel Tjibaou a dû attendre l’entre-deux-tours pour obtenir l’adoubement du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l’alliance des partis indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, divisée sur la stratégie électorale.
Son élection est d’autant plus remarquable que la tâche des indépendantistes dans cette circonscription avait été compliquée par un redécoupage électoral opéré en 1986 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, le RPR Charles Pasqua. Jusque-là, un seul indépendantiste avait siégé à l’Assemblée nationale en la personne de Rock Pidjot, de 1964 à 1986. «Ce n’est jamais agréable de prendre les responsabilités dans ces périodes-là, affirmait-il à l’AFP la semaine précédant l’élection. Mais le pays a traversé des périodes autrement plus sombres et à chaque fois, on s’est relevés. C’est un message d’espoir.»
Dès leur publication par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du second tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.