La percée est inédite pour un bastion historiquement social-démocrate. Si Boris Vallaud est bien arrivé en tête du premier tour dimanche avec 37,1 % des suffrages, le RN réalise des scores exceptionnels dans la troisième circonscription des Landes, et se qualifie pour le second tour avec 35,59%. Le chef de file des socialistes à l’Assemblée qui avait affronté et vaincu des macronistes en 2017 puis en 2022 devra donc pour la première fois croiser le fer avec un candidat d’extrême droite. Le candidat de la majorité présidentielle est loin derrière avec 16 % des voix.
Certes, dans cette terre ancrée à gauche, qui fut le fief du ministre puis président de l’Assemblée Henri Emmanuelli, le report de voix devrait se faire assez naturellement en faveur de l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée de François Hollande. Mais l’électorat landais est d’une sociologie rurale pour qui une alliance avec les insoumis et les écologistes à l’intérieur du Nouveau Front populaire ne constitue pas forcément un atout. Plutôt l’inverse.
Car la culture locale célèbre la chasse, la corrida, et le foie gras, autant de traditions souvent critiquées par la gauche des métropoles, sensibilisée à la défense des droits des animaux. «Quand on brutalise trop des identités, on peut se retrouver avec des identitaires», alertait déjà Boris Vallaud l’été dernier, quand on l’interrogeait sur les difficultés de la gauche dans les campagnes. Sa riposte est semblable à celle de ses camarades élus dans des territoires ruraux et périurbains, comme François Ruffin : occuper le terrain. Fêtes de village, barbecue, cérémonies, marchés : la méthode du socialiste se résume à être «ultra-présent» et «à l’écoute» des habitants, explique-t-il souvent.
Turn-over des candidats macronistes
Le camp présidentiel, lui, s’est érodé au fil des années dans ces lieux marqués par la disparition des services publics de proximité, avant tout en matière de santé et de transport. Le turn-over des candidats macronistes, qui ne sont jamais les mêmes à chaque scrutin, est une autre preuve de leurs difficultés à s’implanter. En 2022, Boris Vallaud était arrivé en tête avec 40,16 % des voix au premier tour contre 24,86 % pour le maire de Tartas Jean-François Broquères, investi pour La République en Marche. Le match avait été plié au second tour à 60 % contre 40 %. Et ce malgré les 25,5 % d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2022, devant Marine Le Pen à 24,2 %, et Jean-Luc Mélenchon a seulement 15,6 %.
Au fil de la journée
La montée du RN, progressive depuis plusieurs années dans le coin, s’est matérialisée dans les résultats des européennes de 2024, en atteignant 30 % dans le département. Raphaël Glucksmann, lui, était second avec 17,14 % contre 14,65 % pour la liste Renaissance menée par Valérie Hayer. Et quand même 8,39 % pour le béarnais Jean Lassalle.
Dès leur publication par le ministère de l’intérieur, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.