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Analyse

RN : la préférence nationale, une mesure xénophobe et anticonstitutionnelle

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Clés de voûte du programme économique du RN, les mesures liées à la «priorité nationale» n’ont pas été précisément chiffrées par le parti d’extrême droite et ne sont de toute façon pas applicables.
Jordan Bardella à Paris, le lundi 24 juin lors de la présentation du programme du RN aux législatives. (Denis Allard/Libération)
publié le 24 juin 2024 à 21h02

C’est l’éléphant au milieu du salon lepéniste. Dans quelques semaines, le Rassemblement national (RN) pourrait s’installer à Matignon sans avoir les moyens d’appliquer la mesure phare de son programme, celle qui, depuis quatre décennies, constitue la marque de fabrique du parti d’extrême droite en privant les étrangers d’un certain nombre de droits et allocations, pour les réserver exclusivement aux Français. La préférence nationale, rebaptisée «priorité nationale» par Marine Le Pen en 2012, ne fait pas partie des mesures d’urgence prévues par Jordan Bardella s’il venait à s’installer à Matignon cet été. «Pour la mettre en place, nous aurons besoin de la présidence de la République française, parce qu’il faudra engager une révision constitutionnelle et elle se fera par référendum», a dit l’aspirant Premier ministre sur France 2, la semaine dernière. Interrogé sur la volonté de réserver les logements sociaux aux seuls nationaux, défendue par Marine Le Pen en 2022, Bardella s’est seulement engagé à en exclure les familles «qui ont un casier judiciaire long comme le bras».

Conscients que la priorité nationale est contraire à un certain nombre de principes contenus notamment dans le préambule de la Constitution, les lepénistes sont gênés et multiplient les références à la mesure sans promettre de l’appliquer avant 2027. Lundi matin, encore, lors d’une conférence de presse pour présenter son programme, le jeune chef de parti a clamé vouloir «briser le tabou