A deux semaines de la présidentielle, le politologue Bruno Cautrès analyse les possibles conséquences au premier tour d’une abstention plus importante que lors des précédents scrutins. Il pointe un rapport plus distant des Français, notamment les électeurs les plus jeunes, au fait même de voter.
Doit-on s’attendre à une abstention record pour cette élection présidentielle ?
Mesurer et estimer correctement l’abstention avec les sondages est souvent délicat : déclarer que l’on s’abstient, c’est déroger à l’image du «bon citoyen» qui participe et s’intéresse à la politique. Cette difficulté est apparue par exemple aux élections régionales. On constate néanmoins que, pour l’élection présidentielle, les enquêtes préélectorales mesurent généralement assez bien la participation à venir. Que nous disent-elles aujourd’hui ? Que ce scrutin intéresse un peu moins que les précédents, que la certitude de vote à deux semaines du premier tour est plus faible que d’habitude… Ces faisceaux d’indicateurs font que le niveau d’abstention à cette élection approchera celui de 2002, voire pourrait être supérieur.
Par exemple au-dessus de 30 % ?
Cela me semble prématuré de faire cette prévision. Ceci dit, la situation que nous observons rejoint ce que les travaux des chercheurs en sociologie électorale ont démontré :