Des électeurs de gauche lucides sur l’état de délabrement et les divisions de leur famille à un peu plus de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. Mais qui croient, en même temps, dans la capacité de reconstruction d’une force politique autour des fondamentaux – lutte contre les inégalités, plus de solidarités – de ce courant historique qui a conquis trois fois le pouvoir sous la Ve République (1981, 1988 et 2012). La «radioscopie des électeurs de gauche» proposée par l’institut Viavoice pour Libération devrait intéresser quelques états-majors politiques en train d’affiner, à l’orée de 2022, la stratégie de leurs candidats qui seront de retour en campagne dès la semaine prochaine.
Des électeurs conscients des difficultés
L’avenir leur semble très sombre. Sondages après sondages, le faible niveau du «bloc gauche» dans les intentions de vote à la présidentielle (largement en dessous des 30 %) commence à peser sur le moral de ses électeurs. Avec pas moins de six candidats plus ou moins déclarés (Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, Fabien Roussel et Christiane Taubira), et trois d’extrême gauche (Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Anasse Kazib), l’union n’est qu’une lointaine chimère. Le constat est cruel : à peine la moitié (49 %) des électeurs de gauche interrogés dans cette étude considèrent «qu’il existe encore des valeurs qui [les] fédèrent tous» et 40 % estiment carrément qu’il n’y en a plus. Les dégâts des dissensions publiques sont importants