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Saintes Ecritures

Sortie du livre de Bardella : ça fayote sec au RN

Dans un parti aussi personnalisé que le Rassemblement national, la sortie de l’autobiographie de son président est une occasion en or de se faire bien voir. Florilège de flagorneries entre le lancement de l’ouvrage, mardi soir, et les réseaux sociaux.
La députée des Pyrénées-Orientales Michèle Martinez à la séance de dédicaces de Jordan Bardella à Perpignan, lundi 11 novembre. (Jean-Christophe Milhet/Hans Lucas. AFP)
publié le 13 novembre 2024 à 11h06

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Rien ne sert de tweeter, il faut fayoter à point. Mardi soir, dans le très rupin hôtel Le Westin Paris, à deux pas de la place Vendôme, la fine fleur du Rassemblement national accourait pour se procurer l’autobiographie de Jordan Bardella. Enfin, ceux qui ne l’avaient pas encore dûment achetée, photographiée et postée sur l’ensemble de leurs réseaux sociaux en l’assortissant d’un commentaire dithyrambique. En route vers le buffet, voici donc Alexandre Dufosset, jeune député du Nord croulant sous ses quatre exemplaires tout juste achetés. «C’est le gagnant de la soirée», commente un collègue amusé. Jean-Philippe Tanguy, lui, en a pris trois pour ses collaborateurs.

Sous le sapin

Hélas, d’autres parlementaires ne peuvent assister au pince-fesses parisien. On se rattrape à distance. Le député de l’Allier Jorys Bovet a donc photographié ses quatre exemplaires (à 22,90 euros le bouquin, cela monte tout de même à la rondelette somme de 91,60 euros) en mentionnant sur X l’auteur du chef-d’œuvre : «Nous lirons en famille le livre de Jordan Bardella !» Sous le sapin, avec le pull de Noël brodé à l’effigie de Marine Le Pen ? Les inévitables clichés d’élus plongés intensément dans la lecture du livre sont apparus depuis quelques jours sur X.

Un prix d’honneur revient à l’eurodéputée Anne-Sophie Frigout, immortalisée avec un nouveau-né qu’elle semble bercer de la prose bardellienne – «J’en suis à la page 40, et vous ?» Mais le titre de champion toutes catégories du lancer de fayots va sans conteste au député de l’Aude Frédéric Falcon, qui écrit : «Après avoir lu les 100 premières pages, les mots qui me viennent sont : la sincérité, le courage, la simplicité, l’humilité, l’amour de la France et la noblesse. Passionnant. Lisez-le !» Libé avait aussi pensé à force de caractère, intrépidité, sagacité, sagesse et bonté, mais ce n’est pas un concours.

Bardella n’étant en pratique que le numéro 2 du parti d’extrême droite, ce concert de mandolines n’a tout de même pas la même ampleur que les sérénades en l’honneur de la vraie patronne. Mardi soir, certains députés ricanaient des flagorneurs. Pire : certains annonçaient leur refus catégorique de sacrifier au lustrage des richelieux du chef. «Je fête déjà les anniversaires, ça suffit», grinçait un élu. Tandis qu’un autre ironisait sur son rêve : «Faire vraiment une photo d’un mec sur le toit de Notre-Dame avec le bouquin de Bardella : “Comme notre patrimoine, comme Notre-Dame, Jordan ne meurt jamais.”» Chiche.