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Libération
Présidentielle 2022

Soutien à Macron, ralliement à Zemmour, bataille des législatives… A Nice, l’explosion incontrôlée de la droite

Benoît Kandel, premier adjoint du Christian Estrosi de 2008 à 2013, a choisi de rallier le polémiste d’extrême droite pour la présidentielle et incite Eric Ciotti à en faire autant. En filigrane, une bataille haletante se prépare pour les législatives.
Benoit Kandel (à gauche), Christian Estrosi (au centre) et Eric Ciotti (à droite), à Nice en 2012. (Valery Hache/AFP)
publié le 18 février 2022 à 18h38

Des vents contraires soufflent sur la Côte d’Azur. Le ralliement à Emmanuel Macron de Christian Estrosi ne fait guère plus de doute. Le maire de Nice a accordé son parrainage au président sortant et a quitté Les Républicains (LR) en mai. Désormais, c’est un autre protagoniste de la droite niçoise qui rompt définitivement avec le parti. Sauf que cette dernière part dans l’autre sens. L’ex-premier adjoint Benoît Kandel a annoncé en début de semaine qu’il rejoignait Eric Zemmour.

En réalité, il ne s’agit pas vraiment d’une surprise. Cet ancien bras droit de Christian Estrosi de 2008 à 2013 avait quitté l’UMP pour rejoindre le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), parti classé plus à droite. Avec cette étiquette, il s’était présenté aux élections municipales niçoises de 2020, n’obtenant toutefois que 7,31 % des suffrages. L’année suivante, il devait conduire une liste pour les élections régionales en Paca, cette fois celle de Debout la France, la formation de Nicolas Dupont-Aignan, avant de jeter l’éponge dans la dernière ligne droite.

«Christian Estrosi s’est boboïsé»

Ce colonel de gendarmerie va donc être associé à un quatrième parti en moins de dix ans, celui d’Eric Zemmour. Il estime pourtant dans une interview à Nice-Matin être «resté fidèle à ses valeurs. Quand je suis entré en politique avec Christian Estrosi en 2008, il portait les valeurs authentiquement de droite et ça me convenait très bien. Si quelqu’un a dérivé idéologiquement ce n’est pas moi, c’est Christian Estrosi qui s’est macronisé, boboïsé en partant vers le centre gauche», tacle-t-il.

Benoît Kandel profite par ailleurs de cette interview pour adresser un message à une autre figure politique locale : le candidat malheureux de la primaire de la droite, le pourtant déjà très droitier Eric Ciotti. «Ta vraie place est à Reconquête [le mouvement de Zemmour, ndlr], rejoins-nous ! lui lance-t-il. Je comprends qu’il soit fidèle à son parti, mais à un moment il faudra qu’il reste fidèle à ses idées», continue Kandel. La ligne politique du «conseiller sur l’autorité» de l’équipe de campagne de Valérie Pécresse est effectivement extrêmement proche de celle d’Eric Zemmour. Selon le Canard enchaîné, Ciotti aurait même intimé à plusieurs élus LR qu’«il fallait se préparer à soutenir Zemmour au second tour» à la fin du meeting parisien raté de sa candidate.

Objet de nombreuses convoitises

Qu’Eric Ciotti rallie le polémiste ou non, il n’y a aucun doute sur le fait qu’il fera tout pour conserver son fauteuil de député de la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, qui représente le centre de Nice. Or, ce siège fait l’objet de nombreuses convoitises. Pour tenter de renverser son frère ennemi de la Côte d’Azur, Christian Estrosi cherche le meilleur des candidats. Plusieurs noms sont évoqués, mais surtout celui d’Olivier Bettati.

L’homme a un parcours politique aussi complexe qu’incongru. Comme Benoît Kandel, il a été adjoint du maire de Nice de 2008 à 2013, avant de se brouiller avec Christian Estrosi. Il a ensuite présenté une liste contre lui lors des élections municipales de 2014, soutenue notamment par le Modem, avec laquelle il est entré dans l’opposition au conseil municipal. Mais l’année suivante, Olivier Bettati s’est rapproché de l’extrême droite et a codirigé une liste avec Marion Maréchal-Le Pen lors des départementales. Puis, en 2020, il s’est représenté aux municipales avec le soutien du Rassemblement national, mais cette fois-ci dans la ville de Menton, où il a échoué au second tour avec 44,30 % des voix.

Finalement, en novembre, l’ex-adjoint s’est rabiboché avec le toujours maire, qui lui a confié une mission concernant la requalification d’un bassin du port de Nice. Et pense donc à lui pour aller battre Eric Ciotti sur son territoire aux législatives. La vie politique niçoise, encore plus haletante qu’un épisode de Baron noir.

Vous pourrez suivre les résultats de l’élection présidentielle à Nice dans Libération lors des deux tours qui se tiendront les dimanches 10 et 24 avril.