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Supprimer Parcoursup? Ce que proposent les candidats

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L’inscription à la plateforme pour les formations de l’enseignement supérieur a débuté jeudi. Les aspirants à l’Elysée pointent du doigt une méthode de sélection «injuste», mais tâtonnent encore pour trouver une alternative.
En juillet, 91 000 élèves de terminale n’avaient reçu aucune proposition de Parcoursup. (Lilian Cazabet/Hans Lucas)
par Sarah Dupont
publié le 21 janvier 2022 à 20h09

Ce n’est pas un examen et pourtant, les lycéens le vivent comme une épreuve. Parcoursup a ouvert ses portes jeudi, officialisant le début des candidatures dans l’enseignement supérieur. Lancée en 2018, la plateforme est critiquée depuis sa création et s’immisce aujourd’hui dans les programmes présidentiels. Certains candidats promettent son amélioration, d’autres sa suppression immédiate.

Forcément, les seuls à défendre le dispositif sont le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et le chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Le 13 janvier, à l’occasion de la Conférence des présidents d’université, le Président a salué la «formidable réussite» de cette plateforme, malgré la nécessité d’un «travail de clarification, d’orientation de terrain et de simplification». Dur à entendre pour les 91 000 élèves de terminale qui n’avaient reçu aucune proposition en juillet. Le ministère de l’Enseignement supérieur s’en était pourtant félicité : ils étaient 130 000 l’an passé.

A gauche, une opposition presque unie

Chez les futurs adversaires d’Emmanuel Macron, on ne manque pas de pointer du doigt cette méthode de sélection jugée arbitraire et inéquitable. «Brise-vocation», «boîte noire», «Koh-Lanta de l’orientation, mais sans totem d’immunité»… A gauche, on multiplie les critiques à l’encontre de Parcoursup et on se retrouve pour plaider sa suppression. Reste à savoir par quoi le remplacer.

«Je le redis, je supprimerai Parcoursup !» Première à avoir voulu en faire un thème de campagne après avoir proposé d’augmenter le salaire des enseignants, Anne Hidalgo a promis d’abroger la plateforme. «Arrêtons de laisser un algorithme opaque […] décider de l’avenir de nos enfants», a-t-elle répété vendredi sur France info, fustigeant un dispositif «inventé pour contenir et gérer la pénurie de places à l’université». «C’est un dossier prioritaire, dont le chantier commencera dès le début du quinquennat», précise la conseillère de la maire de Paris Orlane François. Le camp de l’édile envisage de remplacer la sélection actuelle par un «accompagnement humain de l’orientation des jeunes», avec une «augmentation significative des conseillers» et des places à l’université, sans oublier la «revalorisation de certaines filières, notamment professionnelles». A terme, Hidalgo ambitionne de porter à «au moins» 60 % la part des diplômés du supérieur d’une classe d’âge.

Même volonté chez les insoumis où Jean-Luc Mélenchon appelle également à un «démantèlement» du système actuel. «Les jeunes n’[y] apprennent qu’à mentir en écrivant dix lettres de motivation différentes», a déclaré le candidat de La France insoumise, qui prône un «accès aux études sans sélection». Une chose qui ne sera possible qu’après l’ouverture de «nouvelles universités», «centres polytechniques professionnels» et la création de postes d’enseignants supplémentaires.

Le candidat communiste, Fabien Roussel, est tout aussi critique mais son entourage met en garde contre une suppression pure et simple sans solution de rechange : «Malheureusement, il manque tellement de places pour accueillir tout le monde que si on supprime [Parcoursup] dès la rentrée de septembre, on se retrouvera avec le même problème», souligne son conseiller Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine. C’est pourquoi Roussel prévoit dans son programme un «investissement massif de cinq ans» pour «redonner des places dans les filières sous tension». Une mesure complétée par le retour d’un baccalauréat national unique et anonyme : «un bac républicain qui donne les mêmes droits à tous», n’indiquant plus le nom du lycée d’origine, dont la place est, selon lui, «prédominante» dans la sélection opérée par les universités.

Chez les écologistes, on retrouve aussi la proposition de suppression de cet «algorithme déshumanisé et injuste, d’une extraordinaire brutalité pour les jeunes» ou encore la référence au lycée d’origine. Mais on reconnaît également la complexité du dossier : «S’il suffisait de supprimer Parcoursup pour régler les défis dans l’enseignement supérieur, ce serait trop simple», souligne Benjamin Lucas, ancien président des Jeunes Socialistes, désormais conseiller de Yannick Jadot. Le candidat écologiste prévoit la mise en place d’«un véritable accompagnement» des élèves et compte augmenter les places dans les universités : entre 60 000 et 100 000 places dès la première année de son quinquennat.

A droite, une «refonte» du système réclamée

A droite, Parcoursup est également vu comme «un autre véritable échec du quinquennat Macron». Valérie Pécresse avait pourtant soutenu sa création en 2018, jugeant qu’il fallait «aller plus loin» dans le «système d’orientation sélective». Aujourd’hui, si elle ne plaide pas pour la suppression de la plateforme, la candidate du parti Les Républicains envisage une «refonte» profonde afin de le transformer en «outil transparent, basé sur le mérite et la motivation», accompagné d’une «vraie politique d’orientation». «Nous souhaitons un système plus efficace, plus sécurisé et dont l’algorithme sera rendu public», précise Agnès Evren, une des porte-paroles de la candidate.

Sans grande surprise, Eric Zemmour a lui aussi son lot de charges contre la réforme du gouvernement Macron. Mais pas le temps de s’attarder sur Parcoursup quand le vrai problème se trouve, selon lui, dans la «qualité des dossiers» des lycéens. «Il faut cesser les notes de complaisance», martèle le polémiste d’extrême droite, qui réclame le retour d’«un bac beaucoup plus exigeant, dont le niveau sera rehaussé». Conséquence : moins de bacheliers, et donc moins de demandes en première année de licence. C’était pourtant simple…