Menu
Libération
Motus et bouche cousue

Sur l’Ukraine, le silence, arme de diversion massive du RN

Article réservé aux abonnés
Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Afin d’éviter les critiques de la majorité sur les liens du mouvement d’extrême droite avec le Kremlin, les cadres du parti ont pour consigne de mettre le sujet de la guerre en veilleuse. Une stratégie loin de décourager la macronie.
Marine Le Pen et Sébastien Chenu (à droite) le 21 février 2024 à Paris, avant la cérémonie de panthéonisation des époux Manouchian. (Christophe Petit Tesson/Reuters)
publié le 12 mars 2024 à 5h21

Face aux accusations de collusion avec la Russie de Vladimir Poutine, le Rassemblement national (RN) a déjà essayé le judo. Cela n’a pas vraiment marché : en essayant de retourner les attaques de leurs adversaires macronistes, les amis de Marine Le Pen se sont en fait plutôt enfoncés dans la mélasse. C’était l’année dernière. Régulièrement renvoyé à ses panégyriques passés et au prêt de neuf millions d’euros accordé par une banque tchéco-russe – «Vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie», avait lancé Macron à sa concurrente, en plein débat de second tour à la dernière présidentielle –, le parti d’extrême droite avait usé de son droit de tirage à l’Assemblée nationale pour convoquer une commission d’enquête sur les ingérences étrangères. Jean-Philippe Tanguy, numéro 2 du groupe parlementaire frontiste et stratège de l’opération, en avait pris la présidence, laissant à sa collègue macroniste Constance Le Grip le soin… d’écrire le rapport final, rendu en juin 2023, et de pointer son «soutien idéologique et une proximité affichée avec le régime de Poutine». «Sabotage», avait hurlé Tanguy, dénonçant un «rapport malhonnête», une «manipulation» et un «procès politique contre le RN». Bref, la commission s’était retournée contre son président et le parti de celui-ci.

En dire le moins possible pour ne mécontenter personne

Pour ne pas rééditer le fiasco, les cadres du mouvement ont consigne de mettre l’Ukraine en veilleuse. Au Parlement européen, les députés RN s’abstiennent quasi systéma