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Réactions

Taubira à bord de la primaire populaire : Jadot, Mélenchon et Roussel persistent et déclinent

Après l’engagement de l’ex-ministre de la Justice à participer à cette initiative citoyenne, les candidats écologiste, insoumis et communiste ont de nouveau fermé la porte à une éventuelle participation.
Yannick Jadot, à Angers, ce samedi. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 9 janvier 2022 à 14h01
(mis à jour le 9 janvier 2022 à 17h05)

Même tentative qu’Hidalgo, même résultat. Après l’annonce de Christiane Taubira ce dimanche en fin de matinée sur sa volonté de prendre part à la primaire populaire, «dernière chance d’une union possible de la gauche» selon elle, les réactions des autres candidats étaient scrutées de près. Et elles n’ont pas tardé, la magie de la programmation télévisuelle faisant que tous s’exprimaient peu après dans des émissions politiques.

Quelques minutes à peine après la déclaration de l’ex-garde des Sceaux, favorite de cette primaire initiée par des sympathisants de gauche, la réponse de Yannick Jadot cingle. «Je suis issu d’une primaire citoyenne, la primaire des écologistes», rappelle en préambule l’écologiste, dans l’émission Questions politiques sur France Inter. «Il y a des candidates qui arrivent sans projet, à quatre-vingt-dix jours du scrutin et ce n’est pas insulter son intelligence que de le dire ; Christiane Taubira, pour le moment, n’a fait qu’une vidéo de trois minutes», poursuit-il. Et pour enfoncer le clou, le candidat EE-LV annonce même qu’il présentera son projet écologique le 29 janvier, soit en plein vote de la primaire populaire (prévu du 27 au 30).

Jean-Luc Mélenchon est sur la même longueur d’onde. «On est le 9 janvier. Il y a des candidats dont le programme ne sera lancé que dans quinze jours. Les idées prennent du temps à faire leur chemin», ironise-t-il sur RTL. Le leader de la France insoumise regrette cette obsession de l’unité à gauche. «Ceux qui disent que ça ne sert à rien d’aller à l’élection présidentielle parce qu’on est divisés sèment de la résignation. La campagne à l’union est maintenant un obstacle à la mobilisation», pointe-t-il.

Quant au communiste Fabien Roussel, il n’est pas non plus transcendé par cette sortie de l’ancienne ministre de la Justice de François Hollande. «Je suis le seul à gauche à porter des propositions différentes et originales. Christiane Taubira fait le choix d’être une candidate de plus. Ce qui compte, ce n’est pas la candidature, c’est le programme !» réagit-il sur France 3. Et lui aussi prévoit de présenter son programme «à la fin du mois de janvier».

Hidalgo, à positionnement variable

L’effet d’entraînement escompté n’est donc toujours pas au rendez-vous. Anne Hidalgo, la candidate du Parti socialiste, n’a pas encore réagi aux propos de Christiane Taubira. Mais la veille, elle déclarait «prendre acte» des refus face à sa proposition de primaire plus classique, avec «un débat à la loyale, un vote à la loyale». Après s’être recueillie à Jarnac devant la tombe de l’ancien président François Mitterrand, la socialiste a reconnu l’échec «pour l’instant» de sa proposition, pointant en particulier le refus de son rival écologiste. «Cette proposition n’a pas pour l’instant fait l’objet d’un accord», a-t-elle regretté.

Puis, ce dimanche matin sur CNews et Europe 1, la maire de Paris s’est même montrée piquante vis-à-vis de Christiane Taubira. «Si elle est candidate, elle ira avec je ne sais quelle force politique ni quel programme ou quel projet, mais ça n’enlève rien au fait que ce sera une candidature de plus et pas une de moins. Mais moi je suis candidate», a-t-elle martelé. Une position claire, cependant bien vite rendue floue par une réponse suivante sur la primaire populaire, au sujet de laquelle elle s’était pourtant déclarée favorable. «Le 15 janvier nous verrons qui souhaiterait participer ou pas.» Rendez-vous donc à cette date, à laquelle sera publiée la liste des personnalités soumises au vote des inscrits, pour savoir si Hidalgo sera bien sur le départ.

Plus tard dans l’après-midi, Hidalgo a remis un coup de pression via une interview au Parisien, semblant lier sa participation à celle de l’écologiste : «Si Jadot accepte d’aller à la primaire et de soutenir celle ou celui qui sortira vainqueur, je le ferai également. [...] Si Yannick Jadot ne va pas à cette primaire, elle n’a plus de sens».

En attendant, le pas en avant de Christiane Taubira pourrait bien fracturer le Parti socialiste, confronté depuis de longs mois à l’absence de décollage de la fusée Hidalgo. La présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, a déjà annoncé ce dimanche midi sur les réseaux sociaux son soutien à l’ex-candidate du Parti radical de gauche à la présidentielle de 2002. Une première chez un élu de premier plan au sein du parti à la rose.

Mise à jour : à 17 h 05, avec l’ajout de la déclaration d’Hidalgo sur Jadot.