Menu
Libération
Devoir de mémoire

Vél d’Hiv: à Pithiviers, Macron dénonce les «falsifications de l’Histoire» et appelle à la «vigilance» face à l’antisémitisme

A l’occasion d’un discours prononcé après l’inauguration d’un musée dans l’ancienne gare du Loiret, le chef de l’Etat a appelé à «redoubler de vigilance» face à un antisémitisme «encore brûlant», notamment à travers l’éducation.
Emmanuel Macron pendant sa visite du nouveau lieu de mémoire de la rafle du Vél d'Hiv, dans la gare de Pithiviers. (Jacques Wiit/SIPA)
publié le 17 juillet 2022 à 17h50

«Nous n’en avons pas fini avec l’antisémitisme». En déplacement à Pithiviers ce dimanche, à l’occasion des commémorations des quatre-vingts ans de la rafle du Vél d’Hiv, Emmanuel Macron a livré un discours engagé pour la lutte contre l’antisémitisme, appelant les «forces républicaines» à «redoubler de vigilance». Un «devoir de la France», a assuré le chef de l’Etat, qui passe notamment par l’éducation. «Nous n’extirperons jamais les racines de l’antisémitisme si nous ne faisons pas lever en même temps les ferments de l’éducation», a-t-il mis en garde, après un discours d’Elisabeth Borne de la même eau, à Paris, dans la matinée.

Devant plusieurs centaines de personnes invitées dans l’ancienne gare du Loiret, transformée en musée consacré à la déportation des juifs de France, le locataire de l’Elysée a dénoncé un antisémitisme «encore plus brûlant, plus rampant qu’il ne l’était en 1995», en référence au discours historique de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans l’arrestation et la déportation des juifs.

«Regarder notre vérité en face, ce n’est pas se repentir»

L’antisémitisme, a affirmé Emmanuel Macron, «peut aujourd’hui bien sûr prendre d’autres visages, se draper dans d’autres mots, d’autres caricatures. Mais l’odieux antisémitisme comme disait Zola est là, il rode, toujours vivace, persiste, s’obstine, revient». «Il s’immisce dans les débats sur certains plateaux de télévision, il joue de la complaisance de certaines forces politiques, il prospère au travers d’une nouvelle forme de révisionnisme historique, voire de négationnisme», a également déclaré Macron, visant sans les nommer les positions d’Eric Zemmour et d’une partie d’élus de la France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon.

«Répétons-le ici avec force et n’en déplaise à des commentateurs se faisant révisionnistes, a appuyé le Président d’un ton ferme. Ni Pétain, ni Laval ni Bousquet, ni Darquier de Pellepoix, aucun de ceux-là n’a voulu sauver des juifs, c’est une falsification de l’histoire de le dire. Et ceux qui s’adonnent à ces mensonges ont pour projet de détruire la République». Cette fois, c’est directement au candidat d’extrême droite et fondateur de Reconquête que l’attaque est lancée.

Accusé par une partie de la droite et de l’extrême droite de repentance concernant sa politique mémorielle, le locataire de l’Elysée a assuré que «regarder notre vérité en face, ce n’est pas affaiblir la France, ni se repentir. C’est reconnaître, tout, pour ne pas le reproduire».

La gare de Pithiviers, fermée au public depuis 1969, a été transformée en musée. Pour son inauguration ce dimanche, le chef de l’Etat était accompagné de plusieurs personnalités, dont l’historien Serge Klarsfeld ou la rescapée d’Auschwitz-Birkenau Ginette Kolinka.

A Pithiviers et Beaune-la-Rolande, deux anciens camps destinés à accueillir les réfugiés et les prisonniers de guerre, 16 000 juifs, dont 4 700 enfants, furent internés entre 1941 et 1943. Plus de 8 100 seront déportés directement à destination d’Auschwitz-Birkenau en 1942, en huit convois.