Ces réponses ont mis du temps à arriver. Elisabeth Borne présente ce jeudi 26 octobre les mesures du gouvernement après les émeutes urbaines de juin. La Première ministre réunira à 16 h 30 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne les maires des communes les plus touchées, qu’Emmanuel Macron avait reçus à l’Elysée début juillet. Les actions présentées mercredi visent notamment, selon Matignon, à «garantir la sécurité de nos concitoyens, à mieux soutenir les familles et renforcer la cohésion nationale».
Interview
Les annonces de jeudi porteront donc essentiellement sur le domaine «régalien», explique un conseiller ministériel, Plusieurs ministres en préciseront les contours : la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, détaillera celles ayant trait au «soutien à la parentalité» et au «rétablissement de l’autorité parentale». Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin précisera celles ayant trait à «l’ordre républicain» et le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti détaillera «les mesures judiciaires sur la responsabilité parentale et la justice des mineurs», selon Matignon. Le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, dévoilera les mesures relatives à son périmètre ministériel.
Parmi ces annonces, Élisabeth Borne pourrait évoquer «de nouvelles prérogatives» pour les polices municipales, selon France Info. Un nouveau dispositif expérimental serait aussi sur la table : les «forces d’actions républicaines», des brigades regroupant magistrats, policiers et médiateurs, visant à «ramener le calme et l’apaisement», déclare Matignon à la radio publique.
Puis, vendredi à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), aura lieu le Comité ministériel des villes (CIV) plusieurs fois reporté. Elisabeth Borne pourrait y faire des annonces supplémentaires, tant sur le plan de l’emploi, du logement que de l’école ou des discriminations.
«Reciviliser»
Une semaine d’émeutes particulièrement violentes avait suivi la mort, le 27 juin, de Nahel, un jeune tué par des policiers lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine). Après ces émeutes, plus courtes mais ayant dépassé, dans l’étendue des dégâts, celles de 2005, «il faut s’atteler à reciviliser», avait exhorté en août Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat avait auparavant évoqué un «processus de décivilisation». Emmanuel Macron avait notamment cité «le chantier de la famille», «la place de l’école», «l’intégration par l’économie et l’emploi» mais aussi «la régulation des écrans».
Selon un rapport interministériel, les émeutiers de juin étaient en majorité des hommes, très jeunes, peu diplômés, sans revendications idéologiques. Les mis en cause de l’échantillon étudié sont à 79 % de nationalité française et nés pour les trois quarts en France. Au 1er août, 2 107 personnes avaient été jugées et 1 989, condamnées, dont 90 % à une peine d’emprisonnement, selon le ministère de la Justice.
Ces deux rendez-vous se tiennent dans un contexte tendu sur le plan sécuritaire. La France est passée en alerte «urgence attentat» après la mort le 13 octobre, dans un attentat jihadiste, d’un enseignant à Arras, sur fond de craintes d’importation du conflit au Proche-Orient.