Sous le soleil d’hiver qui inonde la cour d’honneur des Invalides, le gratin de la classe politique, emmitouflé, se tient chaud. «Dans ces moments règne une bienveillance qui dépasse les chicaneries habituelles», s’émeut un ministre. A quelques pas de la tribune des chefs d’Etat et pontes des institutions européennes venus rendre hommage à Jacques Delors, se croisent de vieux éléphants socialistes, des cadres de Solférino, d’anciens Premiers ministres et la pléthorique délégation ministérielle. Privés de conseil des ministres, les membres du gouvernement Borne se retrouvent presque au complet pour la première fois de l’année. «Je vous souhaite le meilleur pour 2024», lance l’un d’eux à un eurodéputé Renew, avant le scrutin du 9 juin. «A toi aussi pour… ce week-end ?», rétorque le parlementaire, allusion aux spéculations qui s’affolent autour d’un remaniement qui semble imminent.
Inquiets d’un possible chamboule-tout qui pourrait déboucher sur une équipe très resserrée autour de gros ministères – une option poussée par le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler –, les secrétaires d’Etat échangent des messes basses. «Tiens, il est venu, lui ?», grince un ministre qui garde une dent contre Clément Beaune (Transports),