Menu
Libération
Accord

Attal annonce sa candidature à la tête de Renaissance, après le retrait d’Elisabeth Borne pour une «liste d’union»

Dans une lettre aux adhérents, l’ex-Premier ministre confirme sa candidature au poste de secrétaire général du parti, quelques heures après s’être mis d’accord avec Élisabeth Borne, qui briguait le poste. Cette dernière devrait être nommée présidente du Conseil national du parti.
Le Premier ministre Elisabeth Borne et Gabriel Attal, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, participent à la remise des prix aux classes lauréates du prix Samuel PATY 2023, organisé par les écoles de la Sorbonne. Samedi 14 octobre 2023. (Jeanne Accorsini/ABACA)
publié le 29 octobre 2024 à 18h15
(mis à jour le 29 octobre 2024 à 20h38)

Le duel n’aura pas lieu. Elisabeth Borne et Gabriel Attal ne s’affronteront pas pour la direction de Renaissance, le parti fondé par Emmanuel Macron. Les deux ex-Premiers ministres sont parvenus ce mardi à un deal. A lui, le poste de numéro un, succédant à l’actuel secrétaire général du parti, Stéphane Séjourné, nommé commissaire européen. A elle la présidence du Conseil national, le parlement du Parti, renouvelé au congrès des 23 et 24 novembre. «La période politique est très compliquée et l’heure n’est pas a voir des débats internes à un parti», a argué Borne sur LCP mardi soir. «Une solution de complémentarité plutôt que de division», selon un communiqué conjoint officialisant par ailleurs la candidature d’Attal, jusqu’ici un secret de polichinelle. «Gabriel a été très bon, il réussit à la faire se retirer avant qu’il ne se déclare, ironise un ex-ministre. C’est lunaire. Quel respect pour les militants ? Ce n’est pas ça qui va nous ramener des dizaines de milliers d’adhérents.» Le parti ne compterait plus qu’une dizaine de milliers d’encartés à jour de cotisation.

Borne obtiendrait, selon ses soutiens, environ un quart des postes dans l’ensemble des instances du parti, le bureau exécutif, le conseil national, et surtout la commission nationale d’investiture (CNI). Un chiffre que l’entourage d’Attal ne confirme pas officiellement, la CNI n’existant pas encore formellement dans les statuts du parti, mais qu’il ne dément pas non plus. «Ça semble très correct, se réjouit un soutien de Borne. Hier, elle n’avait rien à la CNI.» De quoi sauver la face pour ceux qui accusaient Attal de vouloir prendre entièrement la main sur les investitures pour mettre le parti au service de ses ambitions présidentielles.

Cumul

«À travers cette démarche d’unité, les deux anciens Premiers ministres s’engagent pour créer les conditions du rassemblement le plus large possible», poursuit le communiqué commun. Attal est aussi en contact avec d’autres ténors du parti, comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin, pour que chacun pousse des noms dans les instances. «Il faut que tout le monde soit à l’aise dans la gouvernance, assure un lieutenant d’Attal. Le travail qu’il fait aujourd’hui, c’est aussi la garantie pour le parti de se reconstruire.»

Attal a écrit à Borne le lundi 21 octobre pour l’informer que sa déclaration de candidature était imminente et qu’il souhaitait discuter avec elle avant d’écrire aux militants. Ils se sont revus mercredi dernier, après une première médiation le 8 octobre au domicile de Philippe Grangeon, proche d’Emmanuel Macron et cofondateur d’En Marche. Ils auraient alors topé sur le principe d’un retrait de Borne, avant de laisser les députés Guillaume Gouffier Valente (pour Borne) et Franck Riester (pour Attal) négocier les termes de l’accord. «Elisabeth ne sort pas grandie de ce deal, juge un ex-ministre resté non aligné. Elle n’aura pas à compter ses soutiens.» Après une déclaration de candidature dans une interview au Parisien en août, époque où elle pensait pouvoir compter sur le soutien de Darmanin ou d’anciens ministres comme Riester, Borne a vu ses appuis se dérober.

Darmanin s’est rapproché d’Attal à la rentrée et n’a pas pris parti. Riester a rejoint Attal. Elle pouvait encore compter sur ses ex-ministres Aurore Bergé et Clément Beaune ou sur l’ancien président des députés macronistes, Sylvain Maillard. En face, Attal semblait plier le match en alignant les paraphes de 62 présidents départementaux de Renaissance. Echec supplémentaire pour le camp Borne : Attal entend conserver la présidence du groupe des députés Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), alors qu’elle dénonçait ce cumul de fonctions. «Je pense qu’il sera condamné à lâcher tellement ça crispe», tente de se rassurer un soutien de la députée du Calvados. «C’est un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour de notre accord», a concédé Borne sur LCP, sans en démordre sur le fond : «Je pense que les deux fonctions sont très prenantes.»

L’accord sonne comme une demi-défaite pour l’Elysée. En froid avec Attal depuis la dissolution, Emmanuel Macron a tenté de missionner des proches au début de l’automne pour obtenir un report du congrès et empêcher son cadet de le conquérir. En vain. Comme il n’était pas parvenu en juillet à empêcher Attal de prendre la présidence du groupe parlementaire Ensemble pour la République. Jeudi dernier, à l’issue d’un déjeuner à l’Elysée avec les chefs de son camp, le Président a pris à part ses deux anciens chefs de gouvernement pour leur demander de s’entendre. Le retrait de Borne évite le duel fratricide mais acte encore un peu plus la perte de contrôle du chef de l’Etat sur un parti qui lui obéissait encore au doigt et à l’œil il y a quelques mois. Pour un ex-ministre, «Gabriel va pouvoir mener sa stratégie de se préparer pour 2027, en écartant tous ceux qui sont sur sa route». Y compris, donc, Emmanuel Macron.

Mise à jour à 20h37 avec l’annonce de la candidature de Gabriel Attal.